Fuite de documents: le majordome du pape devant la justice

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Publié 14/08/2012 par Frances D'Emilio (The Associated Press)

à 13h59 HAE, le 13 août 2012.

VATICAN — Le majordome personnel du pape Benoît XVI, Paolo Gabriele, sera jugé dans l’affaire de fuite de documents confidentiels du Vatican, selon l’ordonnance de renvoi annoncée lundi par un magistrat du Saint-Siège.

Le Vatican a promis un procès public mais aucune date n’a encore été communiquée. Il ne pourra pas avoir lieu avant le 20 septembre en raison de la pause estivale du tribunal. Le majordome âgé de 46 ans, qui servait le pape depuis 2006, a été arrêté le 23 mai dernier à son domicile au Vatican en possession selon les enquêteurs d’une montagne de documents confidentiels.

Il est soupçonné d’avoir dérobé puis photocopié pour des journalistes ces différents écrits exposant au grand jour des luttes de pouvoir sans merci, mais aussi des faits de corruption présumés dans les hautes sphères du Saint-Siège. La fuite alimente la presse italienne depuis plusieurs mois.

Mais l’affaire, surnommée «VatiLeaks», a pris de l’ampleur avec la parution en mai de «Sa Sainteté», un livre du journaliste Gianluigi Nuzzi. L’ouvrage contient une série de lettres et notes de service confidentielles apparemment destinées au pape lui-même ou écrits de sa main et de celle de son secrétaire particulier, Georg Gaenswein.

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D’après le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, le juge d’instruction, Piero Antonio Bonnet, n’a pas fait figurer dans l’ordonnance de renvoi la question des faits présumés de corruption. Mais l’enquête n’est pas terminée, a ajouté Mgr Lombardi devant la presse lundi, et d’autres développements ne sont pas exclus.

Paolo Gabriele sera jugé pour vol aggravé, délit passible d’un à six ans d’emprisonnement. Le pape a la possibilité de gracier son ancien majordome qui, du lever au coucher, l’accompagnait dans ses déplacements, servait ses repas et l’aidait à se vêtir. Mais il est prématuré d’en parler, selon le porte-parole du Vatican.

Gabriele a été assigné à résidence chez lui le 21 juillet après avoir été détenu dans une cellule de la gendarmerie du Vatican après son arrestation. Selon l’ordonnance de renvoi, il a agi au nom de son idéal personnel de justice. Sa personnalité et son état de malaise psychologique grave, nourri de tensions, colère et frustrations, pourraient l’avoir rendu facilement manipulable par d’autres qu’il considérait comme des amis et alliés, ajoute le document.

D’après le procureur Nicola Picardi, Paolo Gabriele a expliqué lors d’un interrogatoire, début juin, voir le mal et la corruption partout au sein de l’Église. Il se disait certain qu’un choc, même médiatique, serait salutaire pour la ramener sur le droit chemin.

Un employé de la secrétairerie d’État du Vatican, le gouvernement du Saint-Siège, comparaîtra également devant le tribunal de trois juges, en vacances jusqu’au 20 septembre.

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L’informaticien Claudio Sciarpelletto, qui ne relève pas du clergé, est poursuivi pour complicité: on le soupçonne d’avoir fourni de l’aide à Paolo Gabriele. On ne considère toutefois pas que Sciarpelletto a joué un rôle majeur dans cette affaire, a expliqué Mgr Lombardi.

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