Francophonie économique: des investissements en milliards pour des besoins en trillions

La femme à l’ordre du jour de l’OIF

Au podium: le secrétaire d'État français Jean-Baptiste Lemoyne. De g. à d.: l'animatrice Marjorie April, la ministre ontarienne Marie-France Lalonde, le fondateur de BlueOrange Capital Bertrand Badré, la fondatrice de mécènESS Éthel Côté, le ministre nigérien Foumakoye Gado.
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Publié 01/11/2017 par François Bergeron

La capitale de la Roumanie, Bucarest, accueille ces 1er et 2 novembre une conférence de femmes d’affaires de toute la francophonie, dont six Franco-Ontariennes.

Il s’agit de: Anne Vinet, d’AirStart, ex-présidente du Club canadien de Toronto; Léonie Tchatat, de La Passerelle à Toronto; Julia Deans, de Futurpreneur Canada à Toronto; Nathalie Grenier, de la Société économique de l’Ontario (le nouveau nom du RDÉE-Ontario) à Ottawa; Mireille Morin, de la Distillerie Rheault de Hearst; et Zoé Arsenault, de Superior Kinesiology à Thunder Bay.

Elles rejoignent près de 450 représentant(e)s de la société civile et de gouvernements membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), dont l’Ontario, membre-observateur depuis l’an dernier et pour laquelle la ministre des Affaires francophones Marie-France Lalonde est «sherpa».

Mme Lalonde a cité cette rencontre de femmes en exemple de gestes posés par l’OIF pour faire avancer ses dossiers, lors de son passage, mardi, au 11e Forum économique international des Amériques qui rassemblait quelque 180 intervenants de haut niveau participant à une trentaine de conférences et tables rondes pendant trois jours à l’hôtel Royal York de Toronto.

Contribution ontarienne

Les femmes et la jeunesse sont en effet des priorités de l’OIF, surtout pour ses pays africains, a-t-on entendu lors de la table ronde de Mme Lalonde sur la contribution de l’Ontario à «l’espace économique francophone», à laquelle participaient également le ministre de l’Énergie du Niger, Foumakoye Gado, le fondateur de BlueOrange Capital, le Français Bertrand Badré, et la fondatrice de mécèneESS, la Franco-Ontarienne Ethel Côté.

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Deux invités à cette tribune ont également tenu à confirmer la valeur de l’adhésion de l’Ontario à l’OIF: son administrateur Adama Ouane et le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de France, Jean-Baptiste Lemoyne.

M. Ouane, qui est originaire du Mali, a annoncé la création d’organismes de l’OIF pour l’éducation (auquel une province comme l’Ontario, dont le ministère de l’Éducation est l’un des plus importants, peut contribuer de multiples façons) et pour l’égalité femmes-hommes (une autre valeur chère à l’Ontario).

Découvertes

«On ne sait pas ce qui va ressortir de la conférence sur les femmes à Bucarest», a indiqué la ministre Lalonde en entrevue à L’Express. «Nous rencontrerons les participantes franco-ontariennes pour nous faire une meilleure idée et pour aviser pour l’avenir.»

L’Ontario est d’ailleurs encore en train de «découvrir» l’OIF et d’apprendre à naviguer à travers ces nouvelles relations, a-t-elle déclaré à l’auditoire, dans lequel on remarquait l’ambassadrice de France au Canada, Kareen Rispal, et le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Carol Jolin.

La jeunesse africaine

70% des Africains ont moins de 30 ans, a souligné le ministre du Niger. «Endiguer le chômage élevé de ces jeunes, notamment en favorisant l’entrepreunariat, est donc une priorité absolue pour nous», dit-il, «si on ne veut pas qu’ils soient embrigadés dans les extrémismes».

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Selon Ethel Côté, l’Ontario français s’est développé largement grâce au mouvement coopératif, «une expertise de 175 ans d’entrepreunariat» qui peut servir de modèle à plusieurs autres pays de l’OIF. Encore aujourd’hui, 40% des 622 000 Franco-Ontariens sont membres d’une coopérative.

Investisseurs audacieux

Pour Bertrand Badré, le Canada, avec le Québec, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario, apporte à la table de la francophonie internationale une expertise unique en matière de financement de projets internationaux, ses fonds de pension étant plus disposés à prendre des risques que les institutions financières européennes.

«Les grands investisseurs canadiens sont presque les seuls à s’informer sur le terrain et à travailler sur le long terme», dit-il, «alors que les Européens, trop prudents et se fiant souvent à l’opinion des autres, semblent se satisfaire de taux de croissance proches de zéro.»

«Vous devez donc entraîner les autres pays de la francophonie à prendre des risques», lance le chef de BlueOrange Capital, parce que les investissements actuels en Afrique se chiffrent en «milliards» de dollars, alors que ses besoins de développement sont plutôt en «trillions»!

Jean-Baptiste Lemoyne a profité de son passage au Forum de Toronto pour vanter les mérites du libre-échange Canada-Europe, alors que le Canada serait plus proche de l’Asie et l’Europe plus proche de l’Afrique. Les deux partenaires auraient donc l’occasion ici d’ouvrir des «routes de la liberté» entre quatre continents.

Le mot-clic des femmes entrepreneures de l'OIF.
Le mot-clic des femmes entrepreneures de l’OIF.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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