Former les fournisseurs de services en santé aux MREF

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Publié 28/09/2010 par Vincent Muller

«Les fournisseurs de services en santé doivent être formés de façon à délivrer de meilleurs services aux jeunes des MREF», expliquait Roberto Jovel de La Passerelle I.D.É., qui a mené les consultations sur ce sujet. Les résultats ont été dévoilés vendredi 24 septembre au Arts & Letters Club sur Elm Street.

La Passerelle I.D.É., qui œuvre à l’intégration et au développement économique des immigrants francophones, s’est intéressée de près à la santé des jeunes des MREF (Minorités raciales et ethnoculturelles francophones) afin de mieux comprendre les préoccupations besoins et priorités de cette population.

Des consultations ont été menées auprès de jeunes de 13 à 30 ans divisés en trois tranches d’âges: 13-18 ans, 19-24 ans et 25-35 ans. L’enquête concernait également 14 fournisseurs de services en santé du Grand Toronto.

Tout immigrant doit relever de nombreux défis à son arrivée au Canada, défis d’autant plus difficiles lorsque l’on provient d’un pays culturellement très éloigné. D’après Statistique Canada (2006), le taux de chômage chez les jeunes nés au Canada est de 11.6% contre 21.7% pour ceux nés dans les Caraïbes et 26.8% pour ceux nés en Afrique.

Il s’agissait donc de savoir si ces caractéristiques socioculturelles ont une influence dans le domaine de la santé auprès des jeunes des MREF.

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Pour cela, le comité conseil présidé par Gisèle Pham, a cherché à savoir entre autres quel était le degré d’information de ces jeunes, leur aisance lorsqu’ils utilisent les services de santé, les préoccupations qui leurs sont propres et qui peuvent influer sur leur bien-être.

Trouver les services en français

Le rapport souligne que de nombreuses personnes interrogées ont des difficultés pour trouver des services en français même là où ils sont supposés exister et ont noté des réactions négatives du personnel lorsqu’ils ont tenté de se faire servir en français, ce qui concerne aussi bien les MREF que tout autre francophone.

Préjugés

En revanche, il semble qu’en plus de la langue, certains jeunes ressentent un «traitement basé sur des stéréotypes et préjugés» dépendant de leur pays d’origine.

La prise en compte des pratiques culturelles est également évoquée et beaucoup de jeunes considèrent que les fournisseurs de services en santé n’y sont pas formés, ce que ces derniers reconnaissent également.

«Du côté anglophone, ils sont plus en avance pour ça», explique Roberto Jovel.

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Mauvaise nutrition, dépression

Selon les jeunes interrogés, la mauvaise nutrition, la dépression, l’obésité et le stress sont les problèmes les plus présents alors que de leur côté les fournisseurs de services en santé mettent aussi l’accent sur le stress et la dépression, mais sans accorder autant d’importance à la mauvaise nutrition et l’obésité.

On regrette qu’il n’y ait pas de comparaison avec un échantillon de jeunes représentatif de la population canadienne dans son ensemble, sachant qu’il s’agit de problèmes très repandus. Ceci aurait permis de savoir où se situent les jeunes des MREF par rapport à la moyenne.

Manque d’informations

D’autre part, ces jeunes de 19 à 24 ans se déclarent «peu informés» (57.1%) ou «plus ou moins bien informés» (42.9%) sur les services en santé qu’ils peuvent utiliser. Aucun ne se considère «bien informé» ni «pas du tout informé». Pour les 25-30 ans la tendance est à peu près la même, mais apparaissent des personnes se disant «bien informées» (7.1%) et étrangement des personnes se disant «pas du tout informés» (7.1%) alors que l’on s’attend à une meilleure information pour la tranche d’âge supérieure.

Les constatations du côté des fournisseurs de services sont à peu près les mêmes: aucun ne considère que les jeunes des MREF sont bien informés quant aux questions touchant leur santé et 12.5% qui considèrent qu’ils ne le sont pas du tout.

En tout, 61 jeunes ont été interrogés, 17 d’entre eux sont nés au Canada. Les jeunes nés au Canada, bien qu’ils puissent rencontrer des problèmes similaires dus à des différences culturelles, sont très probablement mieux informés que les jeunes arrivés récemment, mais cela n’a pas été pris en compte dans les questions.

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«On voulait surtout avoir une idée d’ensemble sur la perception des jeunes des MREF et des fournisseurs de services en santé, on n’avait pas vraiment les moyens d’élargir l’étude», explique Roberto Jovel.

Améliorer les services

Les jeunes interrogés et les fournisseurs de services ayant soulevé un certain nombre de problématiques communes, il s’agit maintenant de réfléchir à la façon de former les fournisseurs de services en santé pour améliorer leurs prestations, ce qui sera très probablement la prochaine étape pour La Passerelle.

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