Flâneries littéraires et gastronomiques à Québec

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Publié 22/08/2006 par Paul-François Sylvestre

Ma récente visite dans la Vieille Capitale m’a donné l’occasion de flâner allègrement, deux fois plus qu’une, toujours entre bonnes mains. Un charmant guide m’a d’abord fait découvrir le Vieux-Québec au gré de l’imaginaire d’écrivains qui ont visité, habité ou traversé la ville. Puis, une sympathique employée des Tours Dupont m’a conduit sur les 66 kilomètres qui encerclent l’Île d’Orléans pour une série de dégustations. Deux expériences qui m’ont permis de savourer Québec et ses environs comme jamais auparavant.

C’est en naviguant sur Internet que j’ai découvert La Promenade des écrivains, une visite guidée qui marie le passé et le présent, le réel et l’imaginaire. Le guide de cette flânerie littéraire est Marc Rochette, écrivain et professeur de littérature au cégep F.-X.-Garneau. Il propose de célébrer la ville de Québec en nous livrant des extraits de romans, de journaux intimes ou de carnets de voyages, cela sur les lieux mêmes qui en ont inspiré l’écriture.

La Promenade ne cherche pas à signaler que tel auteur a vécu ou écrit dans telle maison ou tel hôtel. La flânerie littéraire nous fait plutôt entrer dans l’imaginaire des écrivains que dans leur intimité. Nous apprenons, par exemple, que Québec est mentionné dans le Moby Dick de Melville, que Camus a comparé Québec à «des chaires trop convoitées». Nous découvrons qu’une ville francophone peut émouvoir un auteur américain connu pour son racisme; H.P. Lovercrafit écrit qu’il a «du mal à croire que cet endroit appartienne au monde réel».

Québec ne laisse personne indifférent et le guide Marc Rochette le démontre clairement en citant une dizaine d’écrivains, dont Pierre Morency, Jacques Poulin et Claire Martin. Le texte de cette dernière est lu devant la célèbre école des Ursulines qu’elle a fréquentée 80 ans passés.

La Promenade des écrivains est l’occasion de sortir des sentiers battus que sont les rues Saint-Louis, Sainte-Anne, Saint-Jean et du Trésor. Nous sommes conduits, par exemple, au parc Cavalier-Du-Moulin, véritable joyau, «cœur diamantin de la capitale», qui justement constitue aux yeux du poète Pierre Morency «une place secrète, inaccessible au visiteur d’un jour…».

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L’idée de ce circuit, pour le moins orginal, est née d’une série de promenades littéraires auxquelles Marc Rochette a particié en Belgique, en 1997. Le projet a mûri pendant trois ans, permettant au futur guide de se sensibiliser aux mentions de Québec dans les romans ou les nouvelles qui lui tombaient sous la main.

Au printemps de 2000, la première Promenade des écrivains est offerte, avec un choix résolument axé sur la fiction, les mots. «Avant toute chose, précise Rochette, c’est le plaisir du texte et le plaisir de le partager dans un lieu à la splendeur unique qui m’importait.» Ce qui ne l’empêche toutefois pas de nous livrer quantité de détails sur la vie et l’œuvre des auteurs retenus.

Île d’Orléans

Mon tour de l’Île d’Orléans s’est logé à l’enseigne de la gastronomie ou, à tout le moins, des produits du terroir. Je ne m’imaginais pas que cette île pouvait jouir d’un micro climat aussi propice. Je pensais qu’on y cultivait du blé, du maïs et des patates. Mais on y trouve aussi des vergers de pommes, des pruniers, des poiriers, des cerisiers et des vignes.

Notre premier arrêt, juste à la sortie du pont, nous conduit au vignoble de Sainte-Pétronille pour une dégustation de blanc, de rouge et de rosé. Foi de Bacchus, c’est la meilleure façon d’entamer une visite guidée de l’Île d’Orléans!

Le deuxième arrêt a lieu au Parc maritime de Saint-Laurent où un jeune et docte guide nous explique comment on contruisait des chaloupes, de 1908 à 1968. Le village de Saint-Laurent a déjà eu un moulin qui est maintenant un restaurant au pied de la chute qui alimentait jadis le tour de meule. C’est là que nous cassons la croûte (ou le feuilleté de fruits de mer).

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Puis nous nous dirigeons vers Sainte-Famille pour déguster un fromage confectionné selon la première recette en Amérique du Nord. Il est cuit dans une poêle et a un goût salé prononcé. Intéressant pour une dégustation mais pas pour une consommation quotidienne, à mon humble avis.

Le troisième arrêt est le plus festif puisqu’il nous conduit au Domaine de la Source à Marguerite, toujours à Sainte-Famille. La propriétaire produit un vin de pomme qu’elle doit appeler cidre pour être conforme aux normes gouvernementales. Elle offre aussi des produits alcoolisés à base de fruits savoureusement réunis. J’opte pour un cidre léger baptisé Les brises du fleuve.

Le dernier arrêt sur l’Île d’Orléans n’est pas prévu à l’horaire, mais notre guide Louise convient qu’il faut voir au moins une église. Nous optons pour la plus ancienne de l’île, Saint-Pierre, construite entre 1680 et 1717. Elle a été remplacée par une nouvelle structure en 1951, mais a récemment servi pour le tournage du film Nouvelle-France.

À noter que, tout au long de notre tour de l’Île d’Orléans, nous avons vu très peu de croix de chemin. Sans doute parce qu’il y a peu de routes qui se croisent. Ce que nous avons admiré au fil des villages, ce sont des chapelles de procession, dont certaines sont très élaborées.

Nous quittons l’Île d’Orléans, historiquement rassasiés et gastronomiquement repus.

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Renseignements: www.promenade-ecrivains.qc.ca et www.tourdupont.com

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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