Financement record pour l’éducation en français en Ontario

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Publié 06/03/2007 par Yann Buxeda

220 millions de dollars échelonnés sur quatre ans pour l’éducation en langue française. Rarement dans l’histoire de l’Ontario français et de son système éducatif un tel effort financier avait émané d’un gouvernement provincial. Un processus initié en juin dernier, dont les détails ont été révélés le 16 février. Au total, 28 projets bénéficieront d’un appui financier à travers la province, dont plus du tiers dans la région du grand Toronto.

Une nouvelle que les conseils scolaires francophones torontois ont accueilli avec la plus grande joie, à l’image de Bernard Lavallée, directeur de l’éducation du Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud (CSDCCS), qui recevra a lui seul 64,5 millions $: «Évidemment le conseil est ravi. Il s’agit d’un grand premier pas pour assurer le règlement de certaines disparités. Alors certes, il y a encore du travail à effectuer, mais nous avons les moyens de nous pencher sur des projets à moyen terme grâce à cette excellente nouvelle.»

Les fonds obtenus permettront l’ouverture de quatre nouvelles écoles sur le territoire du Conseil. Trois de ces nouveaux établissements se situeront dans le Toronto intra-muros. Deux écoles secondaires ouvriront leurs portes dans l’est et l’ouest de la ville tandis qu’une école élémentaire viendra compléter le nouveau quadrillage à un emplacement encore inconnu. Le quatrième établissement consistera en la construction d’une école élémentaire à Milton, municipalité qui en était dépourvue jusqu’ici.

Le conseil catholique pourra également bénéficier d’une enveloppe de 4,3 millions $ afin de déménager l’école secondaire Jean Vanier de Welland – qui compte deux écoles – à St. Catharines, qui n’en compte aucune. Un financement éventuel qui sera soumis à l’approbation des conseillers scolaires.

Au Conseil scolaire de district Centre-Sud-Ouest, on se félicite également de l’annonce gouvernementale. Avec pas moins de 70 millions $ alloués à l’immobilisation sur son territoire, le conseil public entrevoit l’avenir avec plus de sérénité, comme le concède le directeur de l’éducation Jean-Luc Bernard: «Bien qu’il reste encore quelques dossiers sans réponse sur lesquels nous effectuerons un suivi, l’enveloppe qui nous a été consacrée nous permet de planifier quelques évolutions majeures sur les quatre annés à venir.»

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La ville de Toronto bénéficiera en grande partie de cette injection de fonds, puisqu’est d’ores et déjà prévue la mise en place d’une nouvelle école élémentaire sur le territoire municipal. Ici encore, le lieu n’est pas défini, même si Jean-Luc Bernard reconnaît avoir quelques pistes: «La localisation de cette école est un projet sur lequel nous allons débattre d’ici peu puisque les fonds alloués à ce projet seront versés sur la période 2007-2008. Nous savons notamment qu’il y a une forte demande dans certains quartiers comme les Beaches, et nous allons étudier toutes les demandes.»

Auparavant, le dossier de la relocalisation de l’école Laure-Rièse devrait occuper les prochaines séances. Les subventions, prévues sur l’année scolaire 2006-2007, devraient être disponibles d’ici juin. Le complexe actuel, qui a été maintes fois pointé du doigt, sera très probablement abandonné pour un édifice avoisinant, «qui n’a pas encore été désigné, même si l’opération suit son cours et devrait s’accélérer avec le déblocage», comme le souligne le directeur de l’éducation du conseil public.

Mais le dossier qui fait du bruit dans les couloirs du Conseil en ce moment, c’est sans conteste celui du Collège français. L’édifice de la rue Carlton, qui accueille l’école secondaire du centre-ville est aujourd’hui confronté à un surplus d’effectifs important. Depuis plusieurs années, le projet d’agrandissement ou de déplacement de l’école est au point mort.

Avec une rallonge de 2,6 millions $, le conseil entrevoit plus facilement le règlement de la situation qui faisait encore l’objet d’une réunion consultative ce samedi: «Nous étudions depuis un certain temps le problème du Collège français. C’est un sujet épineux car les solutions sont très limitées en raison de la localisation de l’établissement. Mais avec ce financement, nous allons étudier la solution de la construction d’un étage supplémentaire au bâtiment d’origine. Reste à savoir si ce sera suffisant.»

Pour autant, le financement spécifique au dossier du Collège français n’interviendra pas avant l’échéance 2008-2009. L’occasion d’y voir un peu plus clair et de trouver une solution qui pourrait arranger tous les partis.

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Pour Charles Baudry, co-président du Conseil d’école qui s’entretient à ce sujet depuis plus de deux ans avec le conseil scolaire, l’annonce est accueillie avec beaucoup de satisfaction mais aussi une certaine prudence: «Ce geste du gouvernement est une vraie bouffée d’air frais! Maintenant, il est vrai que ca change toute l’équation. Nous sommes surpris de l’annonce du Conseil selon laquelle l’édifice pourrait accueillir un étage supplémentaire, puisque pendant deux ans, l’information inverse nous était régulièrement transmise. Mais si ce n’est plus le cas, nous ne pouvons que nous en réjouir. Je ne suis en tout cas pas inquiet pour la suite des événements. Nous trouverons une solution.»

Le sourire est donc de mise au sein des principaux organes d’éducation. Et si le geste est plus que symbolique, il n’est – comme tenait à le rappeler Bernard Lavallée – qu’un grand pas dans un processus global. En Ontario, 30 000 ayants-droit n’ont toujours pas accès à l’éducation en langue française.

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