Fin d’une drôle de campagne électorale

Jagmeet Singh (NPD), Elizabeth May (Vert), Justin Trudeau (Libéral), Andrew Scheer (Conservateur), Maxime Bernier (Populaire).
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Publié 18/10/2019 par François Bergeron

Avec quel chef politique canadien souhaiteriez-vous aller prendre un verre, avant ou après les élections du 21 octobre? Attention: la réponse en dit davantage sur votre tempérament que sur votre vote.

Si vous êtes curieux ou audacieux, vous choisirez un chef dont vous essayez de comprendre les positions ou les motivations, ou que vous pensez pouvoir influencer. Si le choc des idées vous angoisse, vous opterez pour le chef que vous aimez déjà, pour l’encourager.

Conservateurs sociaux

Quelles que soient les opinions personnelles – passées ou présentes – d’Andrew Scheer sur l’avortement, le mariage gai et le cannabis, un gouvernement conservateur ne reviendra pas sur leur décriminalisation ou libéralisation.

C’est peut-être de l’hypocrisie ou un manque de courage de la part des «conservateurs sociaux» (les «conservateurs économiques», dont je suis, sont pro-choix). Mais ils s’inclinent devant la démocratie et reconnaissent que ce n’est pas cette année, ni dans un avenir prévisible, qu’on renversera cette évolution des moeurs.

Nous aussi, progressistes, devrions cesser de taper sur ce clou déjà bien enfoncé, et reconnaître que, même si on a gagné, ces questions ne feront peut-être jamais l’unanimité dans la société canadienne.

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Les débats sur ces sujets, comme sur la loi québécoise sur la laïcité, ont pris trop de place dans cette drôle de campagne électorale fédérale 2019, comparativement aux «vraies affaires».

Andrew Scheer

Choisir ses batailles

Le Parti conservateur ne veut pas non plus revenir à l’ancien drapeau colonial avec son Union Jack… bien que le gouvernement Harper ait réussi à restaurer les dénominations «royales» des branches des Forces armées canadiennes, que les Libéraux avaient modernisées.

Justin Trudeau aurait pu annuler ça et remoderniser, mais cette bataille s’annonçait trop acrimonieuse. Comme sur la réforme promise, mais abandonnée, de notre vénérable système électoral.

C’est pour cette même raison officielle – chercher à unir sur les grands enjeux plutôt qu’à diviser sur des peccadilles – qu’on ne trouve jamais le temps de «rouvrir» notre Constitution pour se débarrasser de la monarchie… revoir les juridictions fédérales-provinciales… inclure les Premières Nations… et d’autres exercices normaux de pays normaux.

Sauf que si ça finissait par se faire au terme d’un processus légitime, on peut penser que les Conservateurs qui s’y seraient opposés ne s’obstineraient pas à vouloir revenir en arrière.

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Justin Trudeau

Peur du climat

Andrew Scheer prétend également s’inquiéter, comme une majorité de Canadiens, de changements climatiques causés par l’industrialisation. Ça, c’est de l’hypocrisie et un manque de courage, face à une peur irrationnelle et irresponsable.

Je connais très peu de membres de son parti qui croient sincèrement qu’on ait une influence importante sur le climat (l’environnement, c’est autre chose), encore moins qu’il y ait «urgence». Devant une bière et off the record, Sheer me confirmerait probablement qu’il n’y croit pas non plus.

En privé, la plupart des Conservateurs me disent qu’ils ont simplement choisi d’éviter de ramer à contre-courant pour valoriser leur programme traditionnel sur l’économie, l’emploi, le coût de la vie, les déficits, l’énergie.

Pourtant, plusieurs citoyens – qui ne voteront pas nécessairement pour Maxime Bernier – croient qu’il n’est pas trop tard pour ramener la science et la raison dans les débats sur le climat et l’environnement.

Elizabeth May

Le français des chefs

Les chefs de nos partis politiques nationaux, a fortiori le premier ministre du Canada, devraient-ils obligatoirement être à l’aise en français et en anglais? Bien sûr que oui!

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Poser la question en 2019, après 50 ans de bilinguisme officiel et un référendum serré sur la séparation du Québec, c’est y répondre… ou ça devrait l’être.

Malheureusement, on est encore pris avec trois aspirants premiers ministres dont le français devrait être bien meilleur qu’il ne l’est.

Je ne veux pas faire ma Denise Bombardier, mais comment Andrew Scheer, originaire d’Ottawa et membre du Parlement depuis 2004 (il avait 25 ans!), en est-il arrivé à ne pas mieux maîtriser le français?

Elizabeth May est chef de son Parti vert depuis 2006: pas fort non plus. Au moins Jagmeet Singh, qui a fait le saut au fédéral il y a deux ans seulement en se faisant élire à la tête du NPD, avait commencé à apprendre le français avant même d’être élu au provincial en 2011.

Jagmeet Singh

Idéalement, tout candidat au Parlement fédéral devrait être conscient que la dualité linguistique français-anglais est une des caractéristiques fondamentales de ce pays. La plus importante, selon moi, puisque ce sont les manquements à cet égard qui minent son unité et son intégrité.

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Évidemment, entre un chef au meilleur français et un chef aux meilleures idées, c’est toujours ce dernier qui aura mon vote. Mais je préférerais ne pas avoir à choisir entre les deux.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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