Or donc, la fin du monde a été remise à une date ultérieure. Si vous cherchez le terme psychologique désignant les louvoiements de ceux qui y ont cru et y croient encore, c’est : dissonance cognitive. Ou l’art — douloureux — de concilier, dans notre tête, deux faits totalement contradictoires.
Chaque jour, notre cerveau travaille à ajuster de nouvelles connaissances avec ce que nous savions déjà (ou pensions savoir). Mais il arrive que deux faits entrent en collision, comme pour ces gens qui croyaient dur comme fer que le jugement dernier devait avoir lieu samedi : je devrais être mort, mais je suis encore vivant.
Comment réconcilier ces faits tout en évitant d’admettre à soi-même qu’on a été naïf, qu’on s’est fourvoyé, ou que celui en qui on croyait si fort nous a trompé?
Les psychologues ont beaucoup étudié cette question… parce que des annonces de fin du monde, il y en a eu beaucoup! L’Américain Leon Festinger est le plus ancien connu: en 1954, un groupe appelé «The Seekers» (chercheurs de vérité) croyait avoir reçu un message d’extraterrestres annonçant la fin du monde pour le 21 décembre. L’échec de cette prophétie ne les a pas empêchés… de continuer à croire. Ce groupe est devenu le sujet du livre When Prophecy Fails.
Rapidement, les croyants adoptent une position qui leur permet de concilier leur croyance avec les faits nouveaux. Souvent, cela prend la forme de : Dieu a choisi de nous donner une seconde chance.