La charmante coutume de la fête des mères n’est pas nouvelle puisqu’on la trouve pour les rites païens de la fécondité, dans les sociétés archaïques, aussi bien que chez les Grecs et les Latins. Au printemps, les Romains se réunissaient devant le temple de Junon pour apporter des offrandes dont les mères de familles profitaient. On ne sait pas si la fête était populaire au point de donner des complexes aux mâles d’une famille de prolétaires qui aurait oublié de donner un cadeau à Maman, au jour convenu.
On dit que la coutume de la fête des mères a cessé au IVe siècle, quand le christianisme s’en est préoccupé, s’agissant d’une célébration païenne. L’Église chrétienne qui, pourtant, s’était approprié bon nombre de rites anciens – faisant coïncider, par exemple, Noël avec la fête du solstice d’hiver – a raté là une belle occasion. Il suffisait de décider qu’on célébrerait la mère de Jésus, bien méritante puisqu’elle avait déjà quatre enfants avant celui annoncé par Gabriel.
Mais il y avait un problème: La fête des mères païenne relevait d’un culte de la fécondité. Fêter Marie en tant que mère ordinaire lui aurait enlevé son prestige de génitrice d’un dieu. De plus, tous les dieux du monde sont nés d’une vierge.
Or la virginité est peu compatible avec l’idée que se fait le commun des mortels de la maternité. Il est vrai que Marie n’est devenue officiellement vierge qu’en 1854, lors d’un concile du Vatican.
On note que Jésus était disparu de la terre depuis quatre siècles quand le culte des mères a cessé. On devra attendre l’époque moderne pour qu’il réapparaisse aux États-Unis, d’abord sous une forme sentimentale discrète puis officialisée par le Président Wilson en 1914. La chose n’allait pas tarder à devenir la fête du commerce international.