Fermeture de l’ambassade du Canada à Téhéran?

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Publié 09/01/2007 par Shodja Ziaïan

Pendant que l’on était occupé à élire le chef du Parti libéral au Canada, on a appris que le gouvernement de la République islamique d’Iran (RII) étudiait l’éventualité de la fermeture de l’ambassade canadienne à Téhéran. Les autorités de la RII accusent l’ambassade du Canada de servir les intérêts américains en faisant de l’espionnage pour les États-Unis qui n’ont pas de représentation diplomatique à Téhéran et qui refusent le dialogue avec cet État.

La réaction au Canada a été de démentir ce qu’on qualifie d’allégations paranoïdes.

Étrangement, la réaction affichée par le Toronto Star du 30 novembre venait non pas du gouvernement canadien mais de l’ancien ambassadeur du Canada, Ken Taylor, c’est-à-dire, précisément, de celui qui avait aidé, en 1979 ou 1980, à faire évader de l’Iran des employés de l’ambassade des États-Unis. Celui-ci a qualifié ces accusations de ridicules et de pure «rhétorique». Or nous savons bien qu’il est tout à fait vraisemblable que le gouvernement de M. Harper se soit aligné sur la politique de l’administration Bush qui alimente une rhétorique de guerre contre l’Iran.

C’est pourquoi, j’ai proposé au Parti Vert qu’un comité d’enquête soit formé pour examiner les faits. Si le gouvernement de M. Harper a décidé de transformer l’ambassade du Canada en un service d’espionnage pour l’administration Bush, le Parlement canadien devrait en prendre acte et les Canadiens devraient en être informés.

Nous avons la réputation d’un pays pacifique et souhaitons mener une politique extérieure constructive menant à la paix et non point servant les intérêts du complexe militaro-industriel des États-unis, du Canada ou d’ailleurs.

Je souhaite que le Parti Vert qui grandit rapidement, ici au Canada, soit plus vigilant que les vieux partis traditionnels dans la promotion de la paix mondiale et de la justice sur notre planète et qu’il oeuvre pour empêcher que notre monde dérive vers la destruction militariste, mère de toutes les pollutions par excellence. En effet, les industries militaires sont les plus néfastes de toutes les industries pollueuses, n’ayant en plus aucun respect pour la vie humaine.

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La preuve: ce qui se passe en Irak. Alors que la guerre continue à alimenter les profits de l’industrie militaire, alors que des dizaines de personnes sont tuées quotidiennement, sans interruption, George Bush réclame vouloir rester en Irak «jusqu’à la victoire». Quelle victoire? On a laissé détruire les infrastructures, laissé piller les héritages culturels, dressé «sunnites» contre «chiites» (ce qui est loin de correspondre à la réalité de la situation: les Kurdes sunnites sont alliés des Irakiens chiites).

La réalité sur le terrain, et tout le monde le sait là-bas, c’est que l’Irak, tel qu’il existe comme État, est une création d’un colonialisme datant de la Première Guerre mondiale. Avant cela, il y a toujours eu deux Irak: l’Irak arabe et l’Irak «adjam» (mot arabe désignant en particulier l’Iranien non arabe). Il est évident que la solution aux questions régionales se trouve dans une collaboration régionale des pays concernés, y compris et surtout l’Iran.

Il nous faut abandonner la mentalité guerrière de volonté de suprématie militaire. Il nous faut une mentalité pacifique d’entente et de dialogue. Il faut savoir écouter l’Autre, afin de pouvoir réellement cerner le problème. Tout commence par une saine information, non par des propagandes de guerre.

Et les Iraniens ne sont en aucun cas nos ennemis. Tout au contraire, ils sont les admirateurs d’un Canada libre et pacifique, et sont, sur le terrain là-bas et dans le contexte là-bas, à l’avant-garde de la lutte contre l’obscurantisme des Taliban et d’Al-Qaïda.

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