Femmes immigrantes: jeunes et aînées font la vie dure aux clichés

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Publié 03/12/2013 par Sabrina Seghirani

«Les jeunes sont accessibles. Les aînées, moins. Mais, lorsqu’on réussit à les rassembler, c’est un plaisir de voir à quel point les échanges sont très vifs.»

C’est ce que constate Nicole Umunyana, responsable d’un atelier intergénérationnel organisé le samedi 23 novembre dernier, au Collège français, par le MOFIF (Mouvement ontarien des femmes immigrantes).

Rassemblant jeunes filles et aînées francophones issues de l’immigration, cette activité avait pour mission de briser l’isolement des aînées en rétablissant la communication et le dialogue avec la jeunesse.

La formule est simple, mais efficace: confronter une aînée et une jeune fille autour d’une problématique et susciter le dialogue avec des questions-réponses.

La sagesse des aînées

Régine Mwa Chihanza et Nadège Usanase posent le dilemme de tout expatrié: comment s’intégrer sans perdre son identité?

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À la question des valeurs et des traditions évoquées par «Maman Régine» – comme tout le monde l’appelle déjà ici – la jeune Nadège parle du désir de s’intégrer et d’être soi-même. On y parle des tenues vestimentaires, du respect de l’autre, de la religion, de la famille et du langage du corps qui diffère d’une culture à l’autre.

«En Afrique, c’est l’aîné qui tend la main en premier pour faire le geste de saluer. En aucun cas, le plus jeune ne tend la main en premier. C’est un manque de respect», précise Régine.

Comme dans la coutume de la palabre, elle s’installe au milieu d’une assemblée et distille la parole des sages pour former un lien sociétal et créer un socle identitaire avec des jeunes filles souvent coincées entre deux pays, deux cultures.

«Les langues, les sagesses et les valeurs de nos aînées sont notre plus bel héritage», s’exclame une jeune participante.

Identité et intégration

Après un atelier pratique sur la gestion du temps présenté par Marlène Thélusma et Amélie Lambert, les discussions s’enchaînent autour de la notion du sacré, des valeurs d’ouverture et de tolérance, de la langue maternelle, de la place de la famille, des médias sociaux.

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Toutes veulent bien faire, mais elles sont réalistes. Et l’assimilation, l’intégration? Être heureuse sans pour autant se sentir coupable d’avoir trahi ce que les parents ont inculqué.

«Moi, je veux bien accueillir ma belle-mère à la maison, mais c’est petit chez nous et j’ai peur qu’elle fasse comme dans les films où elle dirige ma vie», confesse une jeune fille.

«Moi aussi, j’aimerais bien avoir ma mère à la maison, mais je travaille toute la journée et je ne veux pas la laisser seule», rétorque une aînée comme pour dissiper le malaise face à la spontanéité de l’intervenante précédente.

Clichés

Puis Ishrat Abid a parlé de sexualité. On aurait pu penser à un choc des civilisations, mais il n’en fut rien. Les aînées ont ouvertement parlé de leurs premières expériences et l’une d’entre elles révèle qu’elle écrit même des poèmes érotiques devant des jeunes filles qui n’en attendaient pas tant.

L’atelier a permis d’ouvrir le dialogue entre les jeunes et aînées francophones. Mais aussi de dissiper les clichés que les unes se font des autres.

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Les jeunes filles semblent rassurées de voir que les aînées font preuve d’une remarquable ouverture d’esprit. Les aînées, quant à elles, sont ravies d’avoir pu apporter leur expérience de vie.

Utile

«Depuis mon arrivée au Canada, c’est la seule fois où je me suis sentie utile en faisant entièrement partie de la communauté francophone», partage une aînée à la fin de l’atelier, qui s’est clôt sur un cours d’autodéfense offert par Randa Meskhi.

«Les jeunes ont été ravies d’apprendre beaucoup des aînées quant aux valeurs, traditions et expériences des parcours d’immigrantes. Les aînées en réclament encore. Elles ont tant à donner et à apprendre aux jeunes», souligne Nicole Umunyana.

Fort de ce premier succès, le MOFIF (www.mofif.ca) songe déjà au prochain atelier qui aura lieu le 18 janvier 2014 sur «Le respect du corps de la jeune fille».

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