L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) qualifie de «génocide» la violence dirigée contre les membres des Premières Nations depuis la Confédération. La Commission créée par Ottawa a donné une voix à 1400 survivantes ou proches des victimes. Le rapport de 1200 pages remis au premier ministre Trudeau le 3 juin lance une réflexion sur le génocide, réel ou métaphorique.
«Ce pays est en guerre et les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA sont en état de siège», s’indignent les commissaires présidés par la juge Marion Buller. «Les lois et les institutions maintiennent la violation des droits de la personne et ceux des Autochtones.
«Ces atteintes s’apparentent ni plus ni moins à un génocide planifié et souvent dissimulé. Cette tragédie perpétuée en sol canadien ne cadre pas avec les valeurs que le pays prétend défendre.»
Les principales structures dénoncées sont la Loi sur les Indiens, la rafle des années 1960 et le régime des pensionnats autochtones, des mesures officielles échelonnées sur 150 ans.
«La colonisation renvoie au processus par lequel les peuples autochtones ont été dépossédés de leurs terres et de leurs ressources», note le rapport, «tout en étant assujettis à un contrôle et ciblés à des fins d’assimilation et d’extermination. Le colonialisme est une structure qui comprend de nombreux évènements différents — tous créés à partir de la même logique destructive.»