Faites vos Jeux!

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Publié 21/02/2006 par Alexandre Guetta

Les regards se tournent vers Turin mais la tête elle, est déjà à Vancouver. À l’heure où les meilleurs athlètes du froid compétitionnent ardemment pour palper le métal doré, le Canada et ses institutions sportives, se préparent elles, à la réception des prochains Jeux olympiques d’hiver. Vancouver 2010 promet d’être l’année du Canada et des ses sportifs. Des promesses ambitieuses qui impliquent des moyens conséquents. Comment le Canada se prépare-t-il à accueillir le monde d’ici quatre ans? Plongée dans les coulisses d’une réussite tant convoitée.

«Nous souhaitons faire du Canada la nation qui remportera le plus grand nombre de médailles aux Jeux olympiques d’hiver de 2010.» Quatre ans avant l’ouverture des JO de Vancouver, les objectifs ont le mérite d’être clairs. Pas de doutes à avoir donc quant aux vœux du Comité olympique canadien concernant les prochaines olympiades. Mais qu’en sera-t-il réellement sur le terrain sportif?

Marc Gélinas, directeur des relations au sein du Comité olympique canadien (COC) apporte un élément de réponse: «Tout sera mis en place pour que l’équipe olympique canadienne de 2010 soit la plus performante possible», avant d’ajouter: «le programme À nous le podium en 2010! mis en place est sans pareil dans l’histoire olympique canadienne. Autant de collaborations, de partenaires et d’engagements de chacun est une première.»

Un programme qui se veut complet et qui comprend tant les aspects sportifs et techniques que les aspects comptables et financiers. «Quand on parle d’encadrement, il faut nécessairement parler de soutien financier. Ces subventions vont atteindre d’ici quatre ans les 110 millions $», nous confie M. Gélinas. Ces dépenses seront partagées en parts quasiment égales entre les organismes privés canadiens qui soutiennent le sport de haut niveau et les différents paliers du gouvernement, à savoir la Ville de Vancouver, la province de Colombie-Britannique et enfin le gouvernement fédéral lui-même.

Turin, une répétition grandeur nature

Avec ce soutien financier pour le moins conséquent, des initiatives inédites et axées sur les hautes performances ont été lancées. Certaines d’entre elles sont même utilisées à Turin dans le cadre de la compétition actuelle qui fait aussi office de répétition générale avant les Jeux canadiens.

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Au niveau de l’encadrement, des «agents de liaison» ont été mis à la disposition des athlètes. L’objectif de ces auxiliaires étant de les aider dans leur préparation d’avant compétition. Ils les assisteront dans leur concentration et dans leur gestion du stress. Ces agents de liaison peuvent se permettre de conseiller les athlètes de haut niveau étant eux-mêmes d’anciens champions ayant brillé dans leur discipline olympique. Des personnes telles que François Drolet (patinage de vitesse), Marnie McBean (aviron) ou Kristin Normand (nage synchronisée) sont présentement à Turin au sein de la délégation canadienne pour encadrer, conseiller et soutenir les -athlètes.

Concernant les performances sportives et l’aspect technique, le COC a adopté un logiciel d’analyse de performances vidéo nommé DARTFISH qui permet aux athlètes et aux entraîneurs d’analyser les performances de chacun de manière extrêmement précise. Les descentes de deux skieurs peuvent ainsi être superposées sur la même image vidéo afin de voir quelles ont été les erreurs du moins rapide. Autre exemple, il est possible de décortiquer dans les moindres détails les mouvements d’un patineur artistique afin de déterminer quel serait le saut parfait ou le geste parfait à exécuter entre deux enchaînements. «De grandes nations de sport utilisent déjà ce logiciel, il n’y avait pas de raisons que le Canada ne l’exploite pas» commente M. Gélinas.

Autre avancée technologique significative et dont la délégation turinoise est l’heureuse expérimentatrice: une base de données sur les antécédents médicaux des athlètes est accessible en ligne pour les préparateurs physiques et le personnel médical de la délégation. Ainsi en cas de blessure, le personnel médical peut consulter à tout moment la fiche de l’athlète touché afin d’évaluer la gravité de la lésion, s’il a déjà été touché à cet endroit précis et de faire en conséquence un diagnostic complet en un temps record. Qui soutiendrait après ça que le sport ne tend pas à devenir une science exacte?

Un mal canadien

Certes tous ces moyens mis en oeuvre ne peuvent garantir à eux seuls une réussite infaillible. D’autant plus que par le passé, le Canada n’a pas toujours brillé à domicile. Souvenez-vous, Calgary 1988: contre toutes attentes, le Canada n’a fini qu’à la 13e place du classement final de ces Jeux d’hiver. Pire, en 1976, lors des Jeux olympiques d’été de Montréal, la délégation canadienne n’avait réussi à se hisser qu’à la… 27e place. Les antécédents ne sont donc pas convaincant même si les moyens entrepris ne ressemblaient en rien à ceux investis pour les Jeux de Vancouver.

Outre cette pression populaire qui pourrait peser sur les athlètes, d’autres statistiques tendent à prouver que le Canada n’est pas un pays particulièrement performant lors des Olympiades. À Salt Lake City par exemple, seul 27% des espoirs de médailles canadiens avaient été concrétisés alors que des pays comme l’Allemagne atteignait un impressionnant taux de 92% de réussite. Existe-t-il dès lors un «mal canadien»?

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Pour répondre à cette question, Marie-José Turcotte, journaliste sportive et chef d’antenne à Radio-Canada pour les Jeux Olympiques 2006, explique: «La différence fondamentale entre les Jeux de Vancouver et les précédents réside dans la préparation et le financement. Le programme À nous le podium en 2010! va faire ce qu’aucun gouvernement n’avait eu le courage de faire, c’est-à-dire qu’il va cibler les sports et les financements de chacun. Les sports les plus en réussite seront mieux subventionnés alors qu’à l’inverse, ceux qui réussissent moins recevront moins de fonds. Cette méthode va forcément favoriser les sports les plus en vue et va permettre au Canada d’améliorer son taux de réussite lors des prochains Jeux d’hiver.»

«Même si l’objectif d’arriver en tête au nombre des médailles est ambitieux, le Canada offrira probablement sa meilleure performance de tous les Jeux», conclut-elle. La confiance règne donc dans les rangs des ambassadeurs sportifs canadiens. Reste à espérer que les athlètes eux seront au rendez-vous. Pour certains d’entre eux, le compte à rebours est déjà lancé.

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