Fahmy et Charlebois honorés du Trillium

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Publié 02/05/2006 par Yann Buxeda

La première sortie officielle de Caroline Di Cocco laissera un arrière-goût amer à la communauté francophone. Pas un mot en français n’est sorti de la bouche de la nouvelle ministre de la Culture de l’Ontario. La 19e édition des Prix littéraires Trillium du 25 avril dernier offrait une grande place à la francophonie. Deux auteurs franco-ontariens y ont été honorés: Jean Mohsen Fahmy et Éric Charlebois.

S’il n’y avait eu ce dérapage majeur, la soirée aurait été parfaite. Les craintes des francophones quant au non-bilinguisme de la nouvelle ministre de la Culture ontarienne Caroline Di Cocco ont été légitimées dès les prémisses de cette soirée, lors du discours d’accueil des finalistes. Pas une phrase, pas même un mot n’aura été prononcé dans la langue de Molière.

Certes, la ministre n’est pas bilingue, mais nul doute qu’une petite annonce en français aurait été du meilleur effet, d’autant plus pour l’ouverture de la cérémonie d’un concours dans les deux langues.

Cette 19e édition aura tout de même vu primer deux écrivains francophones, qui seront d’ailleurs présents au prochain Salon du livre du Grand Sudbury.

La récompense du meilleur roman est revenue à Jean Mohsen Fahmy, pour L’Agonie des dieux aux Éditions L’Interligne, un roman historique qui se déroule en Égypte au IVe siècle.

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L’auteur d’Ottawa a donc devancé les quatre autres finalistes: Gilles Dubois (L’homme aux yeux de loup aux Éditions David), Robert Marinier (Épinal, aux Éditions Prise de parole), Pierre Raphaël Pelletier (Pour ce qui reste de la beauté du monde, aux Éditions L’Interligne) et Collette St-Denis (Un temps pour se souvenir, aux Éditions Novalis).

Dans L’Agonie des dieux, il est question d’une histoire d’amour entre un soldat romain converti au christianisme et une prêtresse d’Isis, qui se retrouvent confrontés aux obstacles inhérents à ce type de situation. Ce livre, déjà primé cette année par le journal Le Droit, propose une histoire romantique sur fond de choc des cultures qui, selon les membres du jury, devrait trouver «sa place dans le cœur de nombreux lecteurs».

L’Ottavien, qui a tenu à rappeler dans son discours l’importance du dynamisme culturel dont fait preuve l’Ontario, signe ici son quatrième roman après avoir publié deux essais littéraires. À noter que le vainqueur du Prix Trillium est reparti avec un chèque de 20 000 $, et que son éditeur s’est vu remettre une prime de 2 500 $ pour couvrir une partie de ses frais promotionnels.

L’autre compétition mettait aux prises deux poètes talentueux. Le tout jeune Éric Charlebois, habitué du Trillium puisque son premier recueil Faux-fuyants avait déjà remporté le prestigieux prix, était opposé au chevronné Joël Beddows, metteur en scène franco-ontarien de talent. Et c’est finalement le premier qui l’a emporté, Centrifuge (aux Éditions David) trouvant grâce aux yeux du jury face à des planches à la palette (aux Éditions Prise de parole).

Un troisième recueil – après Faux-fuyants et le plus discret Péristaltisme – qui, selon Éric Charlebois, n’en est pas vraiment un: «En réalité, il est plus question d’une compilation que d’un recueil à proprement dit… Ces poèmes sont tous individuels, mais se rejoignent sur certaines notions. C’est ce qui m’a permis de les regrouper dans ce livre.» Des écrits qui évoquent le mouvement de manière thématique, mais qui stimulent l’esprit du lecteur à travers un savant jonglage de mots.

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Et ce que l’on ressent à la lecture de ce livre se retrouve dans l’approche à travers laquelle le poète appréhende son art: «J’aime l’essai, le récit, le roman ou le théâtre, mais la poésie est un exercice différent. C’est le seul art littéraire qui permet de se projeter à partir d’une base abstraite. Toute histoire s’articule autour d’un événement déclencheur. En poésie, cet élément est implicite, voire inexistant.» Éric Charlebois s’est vu remettre un chèque de 10 000 $ en récompense. L’éditeur est quant à lui reparti avec la somme de 2 000 $.

Hommage à Jane Jacobs

Comme chaque année, le jury a mis l’accent sur la densité des oeuvres proposées – tout de même plus de 300 – n’omettant pas de féliciter tous les participants, et affirmant une nouvelle fois que «le choix avait été très complexe».

La ministre Di Cocco a quant à elle souhaité dédier cette soirée à Jane Jacobs, auteure et théoricienne torontoise de renom, décédée le 25 avril dernier. Elle a également insisté sur le fait que l’Ontario «compte parmi sa population bon nombre des meilleurs écrivains du Canada».

La version anglophone des Trillium se tenait également dans les locaux du Pavillon St. Lawrence. Comme pour la francophonie, la langue de Shakespeare s’est choisi deux ambassadeurs d’un soir. Kevin Connolly s’est vu remettre le Prix Trillium de poésie, avec Drift, tandis que Sweetness in the Belly a apporté à Camilla Gibb la distinction majeure dans la catégorie des romans.

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