Facebook: un réseau dangereux?

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 29/03/2011 par Isabelle Burgun (Agence Science-Presse)

Mes amis Facebook ont 243, 870 ou encore 2395 amis. À six degrés de séparation de n’importe qui d’autre sur la planète, je me sens tout à coup moins seule!

Dévoiler toute sa vie privée sur le réseau social le plus fréquenté de la planète relèverait de l’imprudence ou même de la négligence, selon Caroline Vallet, postdoctorante au Centre International de criminologie comparé (CICC).

«Les utilisateurs pensent contrôler leurs informations personnelles, mais un adulte sur cinq éprouve des difficultés pour régler les paramètres de confidentialité du compte.»

Les cas d’usurpation d’identité, d’intimidation ou même l’affichage de comportements à risque (abus d’alcool, fantasme, vie sexuelle) devraient pourtant pousser les utilisateurs à plus de prudence.

Cependant, les premiers résultats de son étude exploratoire sur le dévoilement de la vie privée sur les sites de réseau social démontrent que 57% des personnes interrogées considèrent que les informations qu’ils échangent restent pourtant dans la sphère privée.

Publicité

«Les gens divulguent plus qu’ils le pensent. C’est illusoire de penser que cela reste dans un petit cercle d’amis, alors que des amis ils en ont 500 sur Facebook», rappelle la chercheuse. Un profil considéré comme privé ne devrait pas compter, selon elle, plus de 100 amis.

Se mettre à nu

Les mineurs seraient les plus vulnérables face aux mauvaises utilisations de Facebook. «Ils ont leur vie à construire. À 14 ou à 24 ans, ce n’est pas la même personne, mais les informations restent», soutient Caroline Vallet.

Ils risquent de regretter cette photo où ils figurent déshabillés ou ivres. Car leur futur employeur n’aura aucun scrupule à faire une petite recherche Internet pour savoir à quel candidat il a affaire. De plus, pour la grande majorité des 15-17 ans (84%), aucun contrôle parental ne s’exerce sur leurs activités sur les réseaux sociaux.

D’ailleurs, un parent sur deux (49%) n’a même pas accès au profil de son enfant. Les jeunes représentent 35% des personnes interrogées dans l’étude. Il s’agissait, lors de ce premier volet de la recherche, de jeunes étudiants argentins – 107 répondants, dont deux non inscrits aux réseaux sociaux – de l’Université nationale de Rosario (Argentine).

Côté profil, l’utilisateur moyen révèle généralement sa véritable identité (93%), affiche sa photo (88%) et possède en moyenne 130 amis.

Publicité

Cette frontière floue entre vie privée et vie publique pousse la chercheuse à promouvoir une éducation aux réseaux sociaux auprès de la jeune clientèle. Elle souligne aussi la nécessaire redéfinition juridique de ces notions.

«Il existe une confusion entre renseignements personnels – données sur une personne identifiable — et vie privée. Il y a aussi des problèmes au niveau du consentement et de la pérennité des informations divulguées.»

La commissaire canadienne à la vie privée, Jennifer Stoddart, avait d’ailleurs déposé il y a deux ans un rapport qui blâmait Facebook sur plusieurs points: divulgation de renseignements personnels, manque de transparence, conservation des documents, etc.

Suite à cela, Facebook avait pris diverses mesures, notamment en informant mieux ses membres de la conservation des informations même en cas de désactivation de compte.

La compagnie assure que ses utilisateurs possèdent «un contrôle complet» de leurs renseignements personnels. En 2011, FB comptabiliserait 500 millions d’usagers actifs, dont plus de 17 millions de Canadiens. Ce nombre ne cesse de s’accroître. Et il reste plus facile de s’inscrire que de disparaître du très populaire réseau social.

Publicité

Le Québec, après l’Argentine

L’étude de Caroline Vallet s’attardera bientôt sur les habitudes québécoises. Les premières entrevues sont déjà amorcées. Cela lui permettra de comparer les utilisations entre ces deux pays de droit civil – le Québec et l’Argentine. La jeune chercheuse en criminologie désire particulièrement creuser les concepts de confiance, de vulnérabilité et de négligence des usagers.

La majorité des 105 utilisateurs argentins interrogés — des étudiants – font confiance à leurs amis FB alors qu’ils ne les ont presque jamais rencontrés.

«Mais qui vous dit qu’un de vos “amis” ne partagera pas une photo compromettante de vous?», questionne la chercheuse.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur