S’échappant de chars gigantesques, la musique est puissante et pénètre le corps, comparable aux vibrations d’un cœur qui bat la chamade. Envahis par une fièvre euphorique, les festivaliers se laissent emporter dans des danses lascives au rythme des steel bands, de la soca et du calypso. Dans les rues, le profane se mêle au religieux. Des diables armés de fourches croisent des jeunes femmes vêtues de bikinis verts, jaunes, rouges, ornés de paillettes, de perles nacrées et de plumes d’autruche. Les colliers qu’elles portent autour du cou brillent comme autant de petites pépites au soleil des Caraïbes.
La magie du carnaval souffle le long des rues de Port of Spain. Chaque année, au mois de février, les îles de Trinité-et-Tobago, situées au large de la pointe Est du Venezuela, vibrent au son de cette fête qui compte parmi les plus colorées de la planète.
Le carnaval des îles de la Trinité n’a rien à envier à son cousin, le fastueux carnaval de Rio ou encore à celui, plus modeste, de La Nouvelle-Orléans. Tous les ans, environ 50 000 touristes viennent se joindre aux 150 000 locaux pour une bacchanale endiablée qui dure plusieurs jours d’affilée.
Le carnaval des îles de la Trinité est d’ailleurs l’ancêtre de nombreux carnavals d’Amérique du Nord, notamment la Caribana à Toronto. Pendant une semaine, certaines rues de la capitale se ferment à la circulation. L’île se pare alors de ses plus beaux atours. La population ne dort pas, ou presque, bien trop occupée à participer aux différentes mascarades. Le carnaval devient ainsi l’opium du peuple, une fête libératrice qui permet d’abolir les barrières de rang, de sexe et de classe entre les différents citoyens.
Qu’il soit un oiseau du paradis, un voleur de minuit, un pierrot grenade, ou encore un diable impie, tout le monde est égal, une fois paré de son costume. Les Trinidadiens rivalisent de créativité à l’occasion du carnaval. Ils s’improvisent musiciens, cuisiniers, couturiers, créant et confectionnant, souvent des mois à l’avance, les déguisements qui viendront habiller les danseurs.