Exode des jeunes Français: crise ou expérience enrichissante?

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Publié 01/04/2014 par Sonia Baritello

Français de l’étranger. Un terme simplificateur, pour désigner ces personnes aux profils différents qui ont un jour passé les frontières de la France, pour s’établir temporairement ou de manière définitive à l’étranger. Parmi eux, de plus en plus de jeunes, aux profils et perspectives variés.

C’est justement pour en parler qu’une quinzaine de jeunes expatriés s’est rendue dans les locaux de l’Alliance française de Toronto jeudi dernier, à l’occasion de la visite du sénateur Richard Yung, en présence du consul de France Jean-François Casabonne-Masonnave.

En Permis Vacances-Travail (PVT), en Volontariat international à l’étranger(VIE), en études ou en résidence permanente, ces derniers ont répondu au rendez-vous.

Mobilité

«Ce sont des bonnes manières de commencer sa vie professionnelle», a déclaré le sénateur. «La mobilité de nos jeunes est une richesse pour la France, et je ne peux que les encourager dans cette voie.»

«L’idée est que vous puissiez faire part de votre expérience, de votre témoignage à travers la rencontre: ce qui vous a fait venir ici, ce qui n’est pas bien en France et qui pourrait vous faire rester ici, ou vous donner envie de repartir, etc.» a expliqué le consul.

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«Je suis aussi ici, car il y a un débat en ce moment en France sur l’exode des forces vives, sur ces jeunes qui s’en vont à l’étranger un an, deux ans parfois plus…», a pointé Richard Yung.

Quelles perspectives?

C’est une question importante que les jeunes n’ont pas manqué d’aborder, faisant part de leurs préoccupations concernant l’état de ses perspectives professionnelles en France.

«J’ai quitte mon CDI en France pour faire un VIE au Canada, à cause des perspectives d’emploi et d’évolution qu’on me proposait, du salaire que j’avais, qui était médiocre par rapport à mes diplômes», raconte une jeune expatriée. «Ce n’est pas forcement par choix.»

Même son de cloche du côté de Jean Sevalle, actuellement docteur en biologie moléculaire et pharmacologie à l’Université de Toronto: «Il y a énormément de hauts diplômes en recherche en France et peu de travail. Les entreprises françaises ne jouent pas leur rôle et n’embauchent pas à haut niveau. Par rapport au Canada, c’est le jour et la nuit», explique-t-il.

«J’aimerais bien rentrer en France. Mais le problème, c’est qu’on ne me propose rien d’intéressant actuellement.»

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Rester au Canada?

Beaucoup comme lui n’excluent donc pas de rester au Canada. «C’est un grand point d’interrogation. En ce moment, les perspectives sont fermées en France, ce qui est malheureux. La question est de savoir si je vais pouvoir revenir dans des conditions idéales», explique à son tour Arthur Aubry, étudiant en 4e année de thèse en sciences de la vie et de la recherche à Toronto.

Mais le sénateur, lui, ne tire pas la sonnette d’alarme. «On a l’impression que tout le monde se précipite pour fuir à l’étranger. Ce n’est pas le sentiment que j’ai en rencontrant ces jeunes. Beaucoup sont heureux de leur expérience à l’étranger, mais il ne faut pas forcément s’inquiéter», explique-t-il.

«C’est sûr que le marché de l’emploi n’est pas très brillant en France en ce moment. Je peux comprendre qu’un jeune veuille tenter sa chance à l’étranger. C’est difficile de dire à l’avance. Certains rentrent, d’autres ont le projet de rester. C’est aussi bon pour la France que certains Français soient dans les affaires à l’étranger.»

À Paris, la ministre des Français de l’étranger, Hélène Conway-Mouret, organise d’ailleurs ce jeudi 3 avril une conférence intitulée «Les Français à l’étranger: un atout pour la France». On y propose une journée de tables rondes sur la mobilité internationale des jeunes, l’internationalisation des entreprises et les motivations qui conduisent des Français à s’expatrier.

À l’AFT, le sénateur a également profité de son passage pour aborder le thème de l’Union européenne et de ses perspectives, notamment avec l’arrivée prochaine des élections européennes le 24 mai. Une rencontre avec la communauté d’affaires et une visite au RDÉE Ontario ont également fait partie de sa visite.

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D’autres articles sur les PVT dans L’Express.

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