États-Unis: des anciens d’Irak sur le chemin du déclassement économique

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Publié 02/10/2007 par Jeff Donn et Kimberley Hefling (The Associated Press)

De retour aux États-Unis, de plus en plus d’anciens combattants, déjà blessés dans leur chair et leur âme, sont à présent confrontés à d’autres souffrances: économiques. Avec la guerre en Irak, leur nombre a explosé, tout comme le coût de leur prise en charge, qui met à mal à la fois les fonds alloués par le gouvernement et leur propre réinsertion dans la société.

Gamal Awad est l’exemple même de ces anciens combattants en voie de déclassement économique. Pourtant, son parcours et ses faits d’armes le prédestinaient plutôt à un statut de héros dans son pays. Ce Marine était en effet en première ligne le 11-Septembre, sortant des cadavres des décombres du Pentagone. Parti combattre ensuite au Koweït et en Irak, il y a vu d’autres horreurs.

Mais, aujourd’hui, de retour chez lui à Temecula, en Californie, cet Américain fils d’un immigré soudanais ne peut plus travailler, payer ses factures et chasser les idées de suicide qui traversent son esprit traumatisé. Dans quelques semaines, il risque aussi de perdre sa maison.

Alors, tous les matins, Gamal cherche une raison pour ne pas se suicider. Mais, quand il en trouve une, il est aussitôt assailli par d’autres idées noires: l’état calamiteux de ses finances, avec ses 4 330 dollars d’allocations gouvernementales qui ne pèsent décidément pas lourd face aux… 43 000 dollars de débit cumulé sur sa carte de crédit, soit dix fois plus.

Sans même tenir compte de cette dette colossale, les prestations d’invalidité totale que lui verse le gouvernement au titre de son syndrome de stress post-traumatique ne couvrent de toute façon pas les 5700 dollars de remboursements mensuels de son crédit immobilier et de ses autres emprunts bancaires.

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Comme la valeur de sa maison au prix actuel du marché est inférieure au solde de son crédit immobilier, il ne peut même pas la revendre et pourrait donc se la faire saisir par la banque. Pourtant, confie-t-il, «j’aime cette maison, elle me permet de me sentir en sécurité».

Il y a encore quelques années, Gamal pensait pouvoir se l’offrir et s’était donc lancé dans ce crédit. Il gagnait alors confortablement sa vie avec un salaire de 100 000 dollars par an grâce à son expérience de Marine, son diplôme supérieur de gestion et ses compétences reconnues en logistique.

Atteint du fameux syndrome de stress post-traumatique qui touche nombre de «war vets», Gamal est désormais incapable de travailler: la faute aux incessants flashbacks de guerre qui envahissent son esprit sans prévenir, à ses pensées suicidaires, à ses angoisses et au sentiment de menaces.

Divorcé, ses deux filles vivant ailleurs, il passe le plus clair de son temps à lever des poids et à taper dans un punching bag dans son petit garage. Et, la nuit, il lutte contre ses insomnies.

Grâce aux progrès de la médecine militaire, les anciens combattants sont plus nombreux aujourd’hui que lors des précédents conflits. Mais ils rentrent souvent au pays avec des blessures physiques et mentales, stigmates à la fois des bombes artisanales en Irak, Afghanistan ou ailleurs, mais aussi de l’angoisse de combattre en permanence un ennemi invisible le long de lignes de front indécises.

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Si bien qu’à l’heure actuelle, ces anciens combattants ont atteint le nombre considérable de 185 000 aux États-Unis. Et ils n’ont jamais été aussi nombreux à vouloir bénéficier des aides fédérales. En raison de blessures plus nombreuses, plus profondes et plus longues à soigner, le coût de cette prise en charge teste les limites des ressources allouées par le gouvernement et menace l’avenir même de ces «vets» pour les décennies à venir, estiment des économistes et des groupes de défense des anciens combattants.

Peu de responsables et d’experts avaient anticipé un tel coût. Certes, l’économie américaine dans son ensemble est capable de supporter le prix de cette prise en charge. Mais la facture va mettre à mal certains budgets fédéraux et d’agences de service. Certains économistes chiffrent ce coût fédéral jusqu’à 700 milliards de dollars, pour la fourchette haute, soit… à peu près le coût de la guerre en Irak.

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