De retour aux États-Unis, de plus en plus d’anciens combattants, déjà blessés dans leur chair et leur âme, sont à présent confrontés à d’autres souffrances: économiques. Avec la guerre en Irak, leur nombre a explosé, tout comme le coût de leur prise en charge, qui met à mal à la fois les fonds alloués par le gouvernement et leur propre réinsertion dans la société.
Gamal Awad est l’exemple même de ces anciens combattants en voie de déclassement économique. Pourtant, son parcours et ses faits d’armes le prédestinaient plutôt à un statut de héros dans son pays. Ce Marine était en effet en première ligne le 11-Septembre, sortant des cadavres des décombres du Pentagone. Parti combattre ensuite au Koweït et en Irak, il y a vu d’autres horreurs.
Mais, aujourd’hui, de retour chez lui à Temecula, en Californie, cet Américain fils d’un immigré soudanais ne peut plus travailler, payer ses factures et chasser les idées de suicide qui traversent son esprit traumatisé. Dans quelques semaines, il risque aussi de perdre sa maison.
Alors, tous les matins, Gamal cherche une raison pour ne pas se suicider. Mais, quand il en trouve une, il est aussitôt assailli par d’autres idées noires: l’état calamiteux de ses finances, avec ses 4 330 dollars d’allocations gouvernementales qui ne pèsent décidément pas lourd face aux… 43 000 dollars de débit cumulé sur sa carte de crédit, soit dix fois plus.
Sans même tenir compte de cette dette colossale, les prestations d’invalidité totale que lui verse le gouvernement au titre de son syndrome de stress post-traumatique ne couvrent de toute façon pas les 5700 dollars de remboursements mensuels de son crédit immobilier et de ses autres emprunts bancaires.