Entretien avec George Smitherman, candidat à la mairie

Les transports: priorité des priorités

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Publié 08/06/2010 par Vincent Muller

«Les autres candidats n’ont aucune vision pour la TTC», affirme George Smitherman, candidat à la mairie de Toronto rencontré par L’Express jeudi dernier dans son QG de campagne à l’intersection Church et Esplanade. Le 28 mai, il dévoilait, lors d’un lunch devant ses partisans, son plan de modernisation de la TTC. Durant l’entretien, il a encore répété inlassablement qu’il s’agirait de la première de ses priorités s’il était élu en octobre prochain.

Si George Smitherman n’est pas capable de tenir une conversation en français, ce n’est pas l’envie qui manque, mais il avoue dès le début de l’entretien avoir des difficultés d’apprentissage pour les langues. Visiblement gêné de ne pas pouvoir s’exprimer en français, l’ancien ministre de la Santé, puis de l’Énergie et des Infrastructures de l’Ontario dans le gouvernement libéral de Dalton McGuinty s’empresse de souligner son engagement auprès des francophones de Toronto se disant «conscient de l’héritage et de l’empreinte des francophones au centre-ville ainsi que de la diversité de la francophonie torontoise».

Transports anachroniques

Heureusement pour lui, il ne s’agit pas de l’enjeu le plus important de cette campagne, qui se situe plutôt au niveau des transports en commun anachroniques de notre ville.

Comme chacun des candidats, George Smitherman a sa petite idée sur ce qu’il veut faire de la TTC. Et cette petite idée coûte cher: environ 17,4 milliards $.

Certains craignent déjà le pire, connaissant l’état des finances de la ville, mais lui est confiant, persuadé que c’est le moment ou jamais d’investir pour l’avenir des transports en commun à Toronto. Selon George Smitherman, la province contribuera à hauteur de 9 milliards $, le gouvernement fédéral de 1 milliard $ et la ville s’occupera du reste, soit plus de 7 milliards $.

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«Mon plan comporte deux étapes de cinq ans. La première étape devra être terminée pour les Jeux panaméricains de 2015. La plupart des constructions sont déjà financées, je vais juste apporter quelques modifications.»

Métrolinx

Métrolinx, l’agence du gouvernement provincial qui gère les infrastructures de transport public dans la région du Grand Toronto et de Hamilton, prévoit de réaliser cinq grands projets en 10 ans: le tramway à plancher bas sur Eglinton, celui de Sheppard et celui de Finch, ainsi que la modernisation de la ligne de bus express de Scarborough et la réalisation de la ligne de bus express Viva pour la région de York.

George Smitherman veut, lui, développer les lignes de tramway à plancher bas sur Eglinton, Finch et Sheppard, mais prévoit également une ligne de métro à la place de la ligne de bus express à Scarborough et un métro reliant Sheppard à Downsview en connexion avec une extension de la ligne de métro de Downsview à l’Université York. Son plan intègre aussi une extension de la ligne de métro Bloor entre Kipling et Sherway Gardens ainsi que le tramway sur Queen’s Quay.

Parmi ces projets, ceux qui entreraient dans la première phase (2010-2015) sont les suivants: l’extension de la ligne de métro Spadina jusqu’à l’Université York, la ligne de tramway Sheppard Est avec une extension vers le Sud jusqu’au Campus de Scarborough de l’Université de Toronto et Centennial College, la ligne de tramway sur Queen’s Quay jusqu’à West Donlands, où se trouvera le village des athlètes, le lien entre la gare Union et l’aéroport ainsi que la ligne de tramway sur Eglinton avec une connexion sur le lien entre la gare et l’aéroport.

Il lui faudra donc modifier les projets de Métrolinx afin de pouvoir réaliser son plan dans cet ordre. En plus de cela, il devra trouver la somme que la ville est censée apporter, ce qui lui semble tout à fait faisable: «Je veux impliquer le secteur privé, faire des appels d’offres pour le design, la construction et le financement d’infrastructures.

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Sur les 7 milliards $ qui seront à la charge de la ville, 4 milliards $ seront des investissements en infrastructures, le reste sera des intérêts. La ville commencera à payer pour ces infrastructures seulement une fois qu’elles seront réalisées».

«Pas si cher que ça»

Le candidat envisage également de mettre en place un fond séparé, un «Transit Trust» où seront versés une partie des revenus de la ville qui serviront au financement de ces projets. Lorsqu’on évoque les difficultés qu’a déjà la ville pour subvenir aux coûts d’opération de la TTC avec ses revenus actuels, il reste optimiste: «Puisque le paiement viendra après la réalisation on n’aura pas besoin de beaucoup».

À l’évocation du prix au kilomètre pour réaliser une ligne de métro, 10 fois plus élevé que celui d’un kilomètre de tramway, il considère qu’étendre le métro est indispensable et que «si l’argent de la ville est était bien utilisé ce serait quelque chose de possible», puis ajoute: «mon plan prévoit quatre extensions de lignes existantes, ça ne coûtera pas si cher que ça.

L’équipe municipale actuelle se plaint de devoir prendre en charge les coûts d’opération de la TTC, mais la ville a eu de nouveaux revenus avec le partage des taxes provinciales et fédérales sur l’essence, les droits de cessions immobilières, les dividendes d’Hydro Toronto et de Toronto Parking Authority par exemple. Ce sont ces revenus qui iront dans le Transit Trust».

George Smitherman avoue qu’il y a peut-être trop de priorités pour la ville, mais reste convaincu que les transports sont primordiaux: «Il faut trouver des moyens d’opérer avec les ressources qu’on a, et il faut faire des choix». Lui a choisi de baisser la taxe sur les véhicules personnels, de rendre les transports gratuits en semaine pour les personnes âgées, mais envisage de réduire les dépenses de la ville dans d’autres domaines.

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Ramassage des ordures privatisé

Il n’exclut pas la privatisation du ramassage des ordures et envisage de revoir la politique de la ville concernant les revenus et avantages sociaux des employés municipaux «qui coûtent beaucoup trop cher à la ville».

Cependant, il ne se prononce pas sur la façon dont il envisage opérer: «Pour l’instant on y réfléchit et je devrais annoncer un plan de restructuration fiscal d’ici septembre». Une des mesures pourrait être le gel des salaires: «Je me prépare déjà à geler mon salaire parce qu’un leader doit montrer l’exemple» explique-t-il.

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