Entre Beyrouth et Port-au-Prince

Ne pas revivre l’échec de l'aide internationale

L'explosion de contenants de nitrate d'ammonium qui a dévasté le port de Beyrouth le 4 août.
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Publié 08/08/2020 par Annik Chalifour

Beyrouth et Port-au-Prince: deux villes touchées par l’horreur de catastrophes meurtrières sur fond de gouvernance corrompue.

10 ans écoulés cette année après le pire séisme que Port-au-Prince ait connu, la population continue de souffrir. Les traces d’une longue histoire de misère perdurent malgré les milliards de dollars amassés pour reconstruire la capitale effondrée.

Port-au-Prince, Haïti
Quartier Fort National de Port-au-Prince, Haïti
Camp de personnes déplacées en Haïti

L’Histoire semble se répéter. Mais cette fois-ci à Beyrouth, il ne s’agit pas d’un désastre naturel, mais d’une supercherie monstrueuse.

Un horrible désastre fait par la main de l’homme. Une négligence manifestement criminelle que l’on pourrait désigner telle une forme de terrorisme interne appuyé par une classe privilégiée pernicieuse à la tête du pays.

Beyrouth et Port-au-Prince partagent l’horreur de la perte humaine à grande échelle et d’une destruction physique apocalyptique. Sous un climat de perversion politique.

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Les deux villes partagent aussi la force et la résilience de populations courageuses qui ont appris à survivre sous les regards d’un monde trop souvent indifférent.

Solidarité en route

Je connais Port-au-Prince, y ayant séjourné plusieurs fois depuis huit ans, mais ne suis jamais allée au Liban.

Toutefois mes amis d’origine libanaise – lors de ma jeunesse à Québec (ma ville natale) – me dépeignaient Beyrouth comme un petit paradis sur terre. Un joyau culturel, environnemental, historique.

Le témoignage de mon amie Lucie, à la suite de son séjour au Sud-Liban en 2012, m’a également inspirée.

Avec le temps, le soutien d’autrui, la réforme politique essentielle, on doit croire en l’avenir, que Beyrouth se relèvera plus forte qu’avant. Une mobilisation mondiale de solidarité est déjà en route afin d’apporter l’aide d’urgence indispensable dans un premier temps.

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C’est sur le long terme que les défis du soutien financier risquent de se poser, en raison, entre autres, de notre contexte mondial de crise sanitaire et économique.

Aide d’urgence

Les dons acheminés vers la Croix-Rouge libanaise et à l’endroit d’ONGs libanaises locales fiables sont les moyens les plus sûrs afin de garantir une aide efficace apportée directement auprès des victimes du désastre sur le terrain. Médecins Sans Frontières, présente au Liban depuis longtemps, est également active à Beyrouth.

Dans l’immédiat on doit se concentrer sur l’aide d’urgence. La réforme politique incontournable suivra.

Surtout ne pas revivre l’échec éhonté de l’aide internationale tel que vécu à Port-au-Prince… Pourtant Haïti – notre voisine francophone – fait partie de nous, de notre continent…

Par ailleurs, plusieurs autres pays en crise aiguë ont autant besoin d’aide cruciale: Yemen, Syrie, Somalie, Soudan du Sud, Venezuela… La guerre, la corruption politique, la perception de leur inaptitude à contribuer à l’économie mondiale – sans oublier la pandémie – freinent les engagements internationaux humanitaires.

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Un défi sans précédent nous attend en matière de politique étrangère…

Pensées et prières pour nos amis libanais en ces temps extrêmement difficiles.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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