Enjeux scolaires, décroissance et dette titanesque à Terre-Neuve

Élections le 16 mai

Le chef progressiste-conservateur Ches Crosbie, fils de l’ancien ministre fédéral John Crosbie, mène sa première campagne électorale après avoir accédé à la tête du parti en 2018.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 11/05/2019 par Jean-Pierre Dubé

Après l’Alberta et l’Île-du-Prince-Édouard ce printemps, Terre-Neuve-et-Labrador votera le 16 mai. La tenue d’élections précoces permet d’éviter une campagne provinciale en même temps que le scrutin fédéral d’octobre. Les soucis de l’électorat: un marasme économique sans précédent assorti de la dette par habitant la plus élevée au pays.

Pour les francophones, l’enjeu électoral est la continuité des liens avec les grands partis.

Des francos pour tous les partis

La francophonie terre-neuvienne n’aurait pas de préférence politique au provincial, estime Gaël Corbineau, le directeur général de la Fédération des francophones de Terre-Neuve et Labrador.

«On a l’oreille des trois partis, historiquement. Il n’y a pas de formation pro-francophone ou anti-francophone. Je sais que ça existe dans d’autres provinces. Historiquement, on a des gens de tous les partis dans nos activités et des francophones sont impliqués dans chacun d’eux.»

Le chef libéral Dwight Ball tente de capitaliser sur la méfiance des Terre-Neuviens face aux Conservateurs, dont la réputation serait entachée par le fiasco du projet hydro-électrique de Muskrat Falls.

Mégaprojet

Au pouvoir depuis 2015, les Libéraux de Dwight Ball mènent une lutte contre leurs traditionnels rivaux, les Progressistes-Conservateurs de Ches Crosbie, élu chef en 2018. Ce dernier est identifié au régime derrière le mégaprojet hydro-électrique de Muskrat Falls, un fiasco économique contribuant grandement à la dette accumulée de 14,6 milliards $, selon Statistique Canada.

Publicité

Au 31 mars 2018, la province se trouvait au milieu du peloton quant aux milliards dus, derrière l’Ontario (323,8) le Québec (179,2), la Colombie-Britannique (41,8) le Manitoba (24,3) et l’Alberta (19,3).

Les Canadiens devront-ils payer la note?

La dette par personne est énorme: elle se chiffre à 27 761 $, loin devant les 23 014 $ en Ontario, 21 606 $ au Québec, 18 246 $ au Manitoba et 18 160 $ au Nouveau-Brunswick.

Le premier ministre a promis de réduire l’arriéré sans augmenter les impôts, notamment grâce à une entente fédérale à long terme. La question se retrouve dans le débat public: les contribuables du pays devront-ils payer une part de la note?

12 milliards $ au lieu de 6

Dwight Ball a promis de réduire les tarifs d’électricité en allongeant 726 millions $ dès 2020 sur la facture de Muskrat Falls. Ches Crosbie propose un retour à l’équilibre budgétaire d’ici trois ans en misant sur une hausse de la production agricole et pétrolière.

Le chantier controversé a été lancé dans l’euphorie en 2010 par le premier ministre Danny Williams. Les travaux inaugurés en 2013 seront terminés l’an prochain, mais ils auront coûté plus de 12 milliards $, le double de l’estimation initiale.

Publicité
Les travaux sur le site hydro-électrique de Muskrat Falls seront terminés en 2020, mais ils auront coûté plus de 12 milliards $, le double de l’estimation initiale.

Vieillissement et dénatalité

Les Néo-Démocrates sont aussi en lice, dirigés par Alison Coffin, cheffe depuis quelques mois. La formation aurait peu d’appui hors de Saint-Jean et moins de candidats que les autres. La campagne du NPD porte sur la santé, l’économie durable et l’environnement.

Les autres enjeux de cette campagne sont de nature économique: vieillissement et dénatalité chroniques, stagnation de l’emploi et la réforme du système la santé le plus cher du pays.

Écoles françaises

Côté francophonie, les principales inquiétudes sont les infrastructures en éducation. La moitié des établissements du Conseil scolaire francophone provincial seraient non conformes.

Deux priorités émergent, selon Gaël Corbineau: d’abord une deuxième école française à Saint-Jean pour laquelle le Conseil aurait déposé une demande de financement en décembre.

La réponse de l’administration est arrivée quelques jours avant le déclenchement des élections. Le gouvernement annonçait un financement de 2,8 millions $ en vue de l’ouverture en 2022 d’une école de la maternelle à la 12e année dans la région ouest de la capitale.

Publicité

La deuxième priorité concerne l’avenir de l’établissement de Cap Saint-Georges, fermé ce printemps en raison de problèmes structuraux. «Il a fallu évacuer l’école d’urgence et les élèves partagent un bâtiment avec une école anglaise», explique le porte-parole. «Nous allons nous assurer que les élèves retrouvent l’usage d’une école qui leur est propre. Ce sera une préoccupation pour plusieurs années.»

Politique de services en français

L’autre dossier clé pour la Fédération demeure la mise en œuvre de la politique de services en français. «Ça avance», indique Gaël Corbineau, «c’est surtout un travail avec les fonctionnaires. Ça ne changera pas, quel que soit le gouvernement en place.»

Les Libéraux détiennent actuellement 27 sièges à l’Assemblée législative, contre 8 Progressistes-Conservateurs, 2 Néo-Démocrates et 3 indépendants. Un sondage MQO Research accorde 48% des intentions de vote au Parti libéral, tandis que la firme Abacus Data favorise plutôt le Parti progressiste-conservateur avec 42%.

Auteur

  • Jean-Pierre Dubé

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur