Enfants et microbes jouent bien ensemble

Les enfants n'ont pas peur de la saleté, et c'est très bien. (Photo: Cade Martin / Pixnio)
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Publié 14/06/2018 par Ève Beaudin

C’est bien connu, les enfants ont une propension à se salir. Pour peu qu’on les laisse faire, ils reviendront souillés de leur promenade au parc durant laquelle ils auront touché — et parfois même goûté! — aux feuilles, insectes, cailloux et diverses saletés à leur portée.

Plusieurs affirment que c’est là une bonne façon de développer une meilleure défense immunitaire qui les protégerait de troubles comme l’asthme et les allergies. Mais qu’en est-il alors de notre obsession de la propreté?

Les «bons» microbes, plus nombreux que les «méchants»

Depuis le XIXe siècle, on a appris que les microbes peuvent être responsables de maladies, comme la grippe. Or, on sait aujourd’hui que sur les milliers de variétés de microbes auxquelles nous sommes exposés, seule une centaine sont dangereuses.

Les autres sont de «bons» microbes, des alliés insoupçonnés de notre santé. Leur rôle serait si important que les scientifiques considèrent le microbiote intestinal — soit l’ensemble des microbes qui habitent nos intestins — comme un organe à part entière, au même titre que le foie, les poumons et le cœur.

Un système immunitaire à entraîner

Les bébés sont exposés dès la naissance aux microbes. Lors d’un accouchement naturel, à ceux qui peuplent le vagin de leur mère. Lors de l’allaitement, aux microbes qui résident sur sa peau.

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Une alimentation riche en fibres dont les microbes se nourrissent permettra à l’écosystème intestinal de l’enfant de proliférer.

Puis, explorant le monde à quatre pattes et portant ses mains à sa bouche, il se confrontera aux microbes logés dans la poussière, dans la bave du chien ou sur les jouets qu’il partage avec ses amis. Si un virus s’y cache, ils tomberont malades, mais ces expositions entraîneront aussi son système immunitaire à tolérer les microbes inoffensifs.

Diversifier son microbiote

Le hic, c’est qu’avec notre obsession de l’hygiène, les enfants d’aujourd’hui sont exposés à une moins grande variété de bons microbes qu’autrefois.

De plus en plus d’études portent à croire que le système immunitaire des enfants qui vivent dans des environnements trop stériles serait trop peu diversifié et resterait partiellement immature, puisqu’il n’aurait pas appris à réagir adéquatement durant la petite enfance.

Cette immaturité du système immunitaire pourrait être la cause de troubles de santé qui se développent beaucoup plus tard dans la vie de l’enfant, comme les allergies et l’asthme.

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Tout ça est encore à confirmer par des études plus poussées, mais l’importance d’un microbiote diversifié dès le plus jeune âge semble désormais faire consensus auprès de la communauté scientifique.

Gros bon sens

Bien entendu, les maladies chroniques, comme l’asthme et les allergies, sont multifactorielles. Cependant, les gels antibactériens qu’on accroche maintenant aux sacs à dos des enfants, notre volonté de les garder propres en tout temps et le fait qu’ils passent deux fois moins de temps à jouer dehors qu’il y a 20 ans, s’exposant ainsi à une moins grande variété de microbes, sont autant d’habitudes qui pourraient nuire à leur santé à long terme.

Pour y remédier, il ne s’agit pas de bazarder l’hygiène élémentaire, de les laisser mâcher une gomme trouvée sur le sol ou de jouer dans la litière du chat. Se laver les mains avant les repas ou après une visite aux toilettes demeure une mesure d’hygiène à préconiser.

Il faut toutefois réapprendre à les laisser jouer librement dans la boue, marcher pieds nus dans le sable, mâchouiller des brins d’herbe, s’ébouriffer dans la poussière. Bref, les laisser se salir comme seuls les enfants savent le faire, pour leur propre santé et celle de leurs microbes!


Lectures recommandées:

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Les microbes, nos alliés : arrêtons d’aseptiser nos enfants, de Marie-Claire Arrieta et B. Brett Finlay

Mille milliards d’amies : comprendre et nourrir son microbiome, de Marianne Desautels-Marissal

Auteur

  • Ève Beaudin

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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