Encore des éponymes!

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Publié 27/02/2007 par Martin Francoeur

Vous avez été quelques-uns à me faire part, par courriel, de votre appréciation de la dernière chronique, portant sur les éponymes. Vos messages m’ont rassuré et ont confirmé la nécessité de poursuivre sur le même sujet, en créant une petite série de textes sur ces mots de la langue française qui sont issus de noms propres.

Il y a deux semaines, je faisais une première incursion dans le merveilleux monde des éponymes. Pour ceux qui l’ont manquée, je vous rappelle qu’un éponyme est un mot formé à partir d’un nom propre. Il arrive, en français, que des noms communs aient pour origine le nom d’une personne, d’un personnage mythique ou d’un lieu. On peut ainsi désigner des inventions, des faits, des objets, des lieux, des théories, des arts, des époques, des fleurs, des unités de mesure et bien d’autres choses.

La précédente chronique était consacrée à quelques éponymes commençant par les lettres «a», «b» et «c». Cette fois, dans une logique qui n’est pas surprenante du tout, plongeons dans la liste de ceux qui commencent par «d», «e» et «f». Évidemment, il serait fastidieux de dresser une liste exhaustive des éponymes en question alors j’ai pensé en faire ressortir quelques-uns, parmi les plus intéressants.

Nous sommes en plein hiver et l’envie nous prend parfois de partir vers des cieux plus cléments, de mettre les pieds dans l’eau turquoise, de vous la couler douce sur une plage, en sirotant, par exemple, un bon «daiquiri». On sait tous ce qu’est un daiquiri mais ce que l’on sait moins, c’est que ce mot est emprunté à un petit village situé à proximité de Santiago de Cuba.

Le «daltonisme» est une maladie de la vue qui affecte la perception des couleurs. Son nom vient de John Dalton, un physicien anglais qui a étudié ce phénomène dont il souffrait lui-même.

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Toujours grâce à la contribution de scientifiques, nous avons vu apparaître d’autres mots dans la langue française. C’est le cas de «décibel», qui désigne l’unité de mesure de l’intensité du son. Le mot vient de nul autre qu’Alexander Graham Bell, qui a inventé un célèbre appareil…

Puisqu’il est question d’unités de mesure, mentionnons que les degrés «Fahrenheit» nous viennent de Daniel-Gabriel Fahrenheit, un physicien allemand qui a inventé cette échelle de mesure. Moins connu, le «farad» vient du nom de Michael Faraday, un chimiste et physicien britannique. Le farad est l’unité de mesure de la capacité électrique.

Du côté des fleurs, on note la présence de «fuchsia» et de -«dahlia». La première doit son nom au botaniste bavarois Léonard Fuchs, en l’honneur de qui on a nommé un arbre. Quant à «dahlia», on s’est inspiré du nom de Dahl, le botaniste suédois qui l’a découverte.

Toujours dans les mots commençant par la lettre «d», on trouve le mot «derby», qui désigne une course de chevaux. On a emprunté ce nom à Edward Stanley, comte de Derby, un noble anglais qui a institué cette compétition vers 1780. On ne sait pas s’il l’a imposée de façon «draconienne». L’adjectif, qui signifie «très sévère, rigoureux, vient de «Dracon», un législateur d’Athènes qui a rédigé un code reconnu pour sa sévérité.

Puisqu’il est question d’Athènes et de l’Antiquité, notons la présence de plusieurs mots, souvent des adjectifs, qui sont empruntés à des noms de dieux et de déesses d’une mythologie. L’adjectif «érotique» et le nom «érotisme» viennent du nom Éros, dieu grec de l’amour. Son collègue Éole, dieu grec des vents, nous a donné l’adjectif «éolien».

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Les Romains ne sont pas en reste puisque le mot «faune» nous vient de Faunus, dieu de la fécondité, des champs et des troupeaux dans leur mythologie. De même, «flore» nous vient de Flora, déesse des fleurs. La «fortune», qui désigne la chance, le hasard ou la richesse, vient de Fortuna, divinité du destin. Quant à la «furie», pour désigner la colère ou la fureur, elle vient des Furies, déesses romaines de la vengeance.

On s’étonnera peut-être de savoir que le mot «épagneul», pour désigner une race de chiens, vient de Espagne, le pays où on trouve cette race. Et la plus fascinante trouvaille est certes celle de l’adjectif «espiègle», qui signifie vif et malicieux et qui vient de Till Eulenspiegel. C’est en fait le nom d’un personnage malicieux d’un roman allemand, traduit par Till Ulespiègle en français.

Enfin, la géographie nous a laissé la «faïence», une sorte de poterie de terre qui tire son nom de Faenza. Il s’agit d’une ville d’Italie célèbre pour ses poteries. Et le «faisan», ce grand oiseau qu’on connaît tous, vient de Phase, un fleuve de la Colchide, qui est en fait un ancien pays d’Asie! Quant à «échalote», le mot vient d’Ascalon, une ville de l’ancienne Palestine.

L’étonnement est souvent au rendez-vous quand on plonge dans l’univers des éponymes. Il suffit de s’en donner la peine…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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