C’est un choeur de lamentations et de grincements de dents (dans les médias) qui a accueilli le dévoilement, la semaine dernière, du Plan stratégique 2020 de CBC/Radio-Canada, dont la migration vers le web ne se fera pas sans sacrifices.
Le président Hubert Lacroix, que les défenseurs d’un diffuseur public omniprésent accusent d’incompétence et/ou de trahison, projette de nouvelles réductions de 1500 postes (sur environ 7000 à l’heure actuelle) et l’abandon de missions traditionnelles comme la production de documentaires. Il justifie sa démarche par «l’environnement médiatique hyper concurrentiel, de plus en plus fragmenté».
Hugo Dumas, le critique de télévision du quotidien montréalais La Presse, déplore l’apathie des citoyens face à ces annonces: «Bof, des compressions, il y a plein d’usines qui ferment ou qui déménagent au Mexique, pourquoi pleurer sur le sort des Radio-Canadiens?», écrivait-il vendredi. «La bataille de l’opinion publique, les employés de la SRC ne la gagnent pas présentement. Encore pire: à lire les commentaires virulents de nombreux lecteurs, on jurerait qu’une bonne partie de la population souhaite carrément que l’on dynamite l’institution.»
Dans le Globe and Mail, Wade Roland, prof à l’Université York et auteur de l’essai Saving thé CBC, affirme que le diffuseur public est «a service, not a business». Selon lui, sa subvention fédérale (1 milliard $) devrait être triplée pour lui permettre de jouer un rôle comparable à celui de diffuseurs publics d’autres pays.
Dans le Toronto Star, Tony Burman, prof de journalisme à l’Université Ryerson et ancien chef des nouvelles à CBC et à Al-Jazeera English, estime qu’Hubert Lacroix et son conseil d’administration noyauté par les conservateurs provoquent au sein du diffuseur public une «crise existentielle».