Émeutes en Grèce après l’entente avec les créanciers institutionnels

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Publié 08/02/2012 par Nicholas Paphitis et Derek Gatopoulos (The Associated Press)

à 05h23 HNE, le 13 février 2012.

Les pompiers éteignaient lundi matin les dernières fumées s’échappant de plusieurs bâtiments et les équipes de nettoyage dégageaient les débris laissés dans le centre d’Athènes, théâtre d’émeutes après l’adoption dimanche soir par le parlement grec d’un nouveau plan d’austérité.

Au moins 120 personnes ont été blessées dans les violences qui ont éclaté à Athènes et dans d’autres villes grecques, lors des manifestations de protestation contre ce nouveau plan, réclamé par les bailleurs du pays en échange d’une nouvelle aide internationale de 130 milliards d’euros.

Les autorités ont précisé que 68 policiers avaient été soignés pour des blessures provoquées par des engins incendiaires, des jets de pierre et d’objets, alors que 70 manifestants ont été hospitalisés.

Au moins 67 personnes ont été interpellées. Plus de 100 000 personnes ont manifesté dimanche devant le parlement grec.

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À Athènes, au moins 45 bâtiments ont été incendiés, notamment un des plus anciens cinémas de la capitale grecque, et des dizaines de magasins et cafés vandalisés et pillés. L’odeur de gaz lacrymogènes flottait encore dans l’air lundi matin.

Dimanche soir, les députés ont adopté à 199 voix contre 74 ces nouvelles mesures d’austérité, malgré les fortes dissensions au sein des deux principaux partis de la coalition. Les socialistes et les conservateurs ont tenté de rétablir la discipline dans leurs rangs et ont exclu respectivement 22 et 21 députés, réduisant leur majorité de 236 à 193 sièges au parlement, qui en compte 300.

Cinq ministres membres de la coalition de gouvernement avaient démissionné vendredi pour témoigner de leur désaccord.En ce premier jour de grève, 7000 personnes, selon la police, avaient défilé dans un premier cortège jusqu’à la place Syntagma, dans le centre d’Athènes. Des incidents ont éclaté devant le Parlement, plusieurs dizaines de jeunes lançant des engins incendiaires et des pierres sur la police, qui a répondu à coups de gaz lacrymogènes.

Ce même vendredi, près de 10 000 partisans du parti communiste ont défilé séparément, dans le calme, scandant des slogans contre ces mesures prévoyant notamment une baisse de 22 pour cent du salaire minimum et la suppression d’un fonctionnaire sur cinq, dans un pays qui est en récession depuis cinq ans.

Dans ce contexte de grève générale lancée à l’appel des deux plus gros syndicats du pays, les transports étaient très perturbés, ainsi que le travail dans les hôpitaux et services publics. En plus de celles d’Athènes, des manifestations étaient prévues dans plusieurs villes.

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Démissionnaires

Parmi les cinq ministres démissionnaires, mentionnons la vice-ministre des Affaires étrangères, la socialiste Mariliza Xenogiannakopoulou. Les quatre autres sont des membres du petit parti de droite LAOS, membre de la coalition, qui s’oppose à ces nouvelles mesures: le ministre des Transports et les vice-ministres de la Défense, de la Marine marchande et de l’Agriculture. Jeudi, le vice-ministre du Travail Yiannis Koutsoukos, lui aussi membre du PASOK (parti socialiste), avait déjà démissionné.

George Karatzaferis, qui dirige le LAOS, a d’ores et déjà annoncé qu’il voterait contre le plan gouvernemental qui doit être présenté dimanche au Parlement.

Le parti LAOS dispose de 16 députés au Parlement, au sein d’une coalition soutenue par 252 parlementaires (sur 300 députés). Si les deux autres principaux partis, le PASOK et la Nouvelle démocratie (droite), approuvent le plan d’austérité, il sera adopté.

«Ils essayent d’imposer des mesures qui vont faire empirer la récession et conduire le pays au désespoir», a déclaré Mariliza Xenogiannakopoulou dans une lettre, ajoutant qu’elle voterait contre les mesures d’austérité présentées au Parlement.

Le premier ministre Lucas Papadémos a toutefois affirmé qu’il ne ferait pas marche arrière malgré ces démissions en série. Dans une intervention télévisée, vendredi, il a affirmé que les membres importants de son gouvernement seront congédiés s’ils s’opposent au plan d’austérité.

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130 milliards d’euro

Jeudi, les autorités grecques avaient annoncé avoir conclu un accord avec leurs créanciers institutionnels sur de nouvelles mesures d’austérité exigées en contrepartie d’un nouveau plan d’aide de 130 milliards d’euros. Mais les bailleurs internationaux d’Athènes ont estimé que la Grèce ne répondait pas à toutes leurs exigences et lui laissent jusqu’au milieu de la semaine prochaine pour s’y conformer.

«Nous vivons des moments tragiques», a constaté vendredi le vice-premier ministre Theodoros Pangalos. «Ces jours sont le dernier acte d’un drame qui, nous l’espérons tous, mènera à une conclusion heureuse avec une réduction volontaire de notre dette publique et la mise en oeuvre d’un cadre d’ici 2015, qui permettra à l’économie de se stabiliser.»

Les discussions «ont été conclues avec succès» avec les représentants de la «troïka» — Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI) — avaient proclamé les services du premier ministre Lucas Papadémos dans un communiqué.

Le résultat des négociations a été accepté par les dirigeants des partis politiques qui soutiennent le gouvernement de coalition à Athènes. «Il y a donc un accord général sur le contenu» du nouveau plan de sauvetage, souligne le communiqué.

Les partenaires de coalition de M. Papadémos ont refusé jeudi matin une nouvelle baisse des pensions, qui constituait une des demandes de la troïka, mais l’accord permettra d’adopter des mesures alternatives, a précisé un porte-parole des services du premier ministre sous le couvert de l’anonymat, sans donner plus de précision.

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À l’exception de la baisse des pensions, les autres demandes de la troïka ont été approuvées, dont une baisse de 22 pour cent du salaire minimum et le licenciement de 15 000 employés dans la fonction publique.

À Francfort, le président de la BCE, Mario Draghi, a confirmé lors d’une conférence de presse que les chefs des partis de la coalition de M. Papadémos avaient accepté les termes de l’accord. Celui-ci est intervenu avant l’ouverture jeudi soir d’une importante réunion des ministres des Finances des 17 pays de la zone euro à Bruxelles consacrée au nouveau plan d’aide à la Grèce de 130 milliards d’euros. La directrice générale du FMI Christine Lagarde et Mario Draghi étaient conviés à la réunion.

«C’est à l’Eurogroupe de décider au plus haut niveau si les conditions sont réunies pour mettre en oeuvre un deuxième programme (d’aide)», a souligné Amadieu Altafaj Tardio, porte-parole de la Commission européenne, l’une des trois institutions chargées de négocier les conditions du renflouement.

Faute de nouveaux prêts, la Grèce risque d’être dans l’impossibilité d’honorer une échéance de remboursement 14,5 milliards d’euros le 20 mars et de se retrouver ainsi en défaillance.

Effacement de 100 milliards d’euro

Depuis mai 2010, Athènes a pu maintenir sa solvabilité grâce à un premier plan d’aide international de 110 milliards d’euros. Un second plan de renflouement a été décidé en octobre 2011, le premier s’étant avéré insuffisant.

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Outre les discussions sur le nouveau plan de sauvetage, la Grèce est proche d’un accord avec ses créanciers privés qui lui permettrait d’effacer environ 100 milliards d’euros de dette.

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