Élèves «hors zone»: volte-face au CSDCSO… pour l’instant

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Publié 26/02/2008 par Aline Noguès

Le Conseil scolaire de district du Centre-Sud-Ouest (CSDCSO) a senti la révolte gronder chez de nombreux parents d’élèves «hors zone» de l’école élémentaire Pierre-Elliott-Trudeau. Il est donc finalement revenu sur la décision qui avait mis le feu aux poudres ces dernières semaines. Mais la crise semble davantage reportée que définitivement close.

Retour en arrière. Le 4 février dernier, le Conseil scolaire annonce au conseil d’école de Pierre-Elliott-Trudeau que 68 enfants dont le domicile principal n’est pas dans la zone scolaire de l’école – délimitée par l’avenue Bathurst, l’avenue St.Clair et la rivière Humber – devront désormais fréquenter l’école de leur zone, en commençant par les enfants entrant en maternelle et jardin (14 élèves), dès septembre 2008.

Trois écoles aux effectifs chargés sont affectées par cette décision de refuser les enfants hors-zone (Pierre-Elliott-Trudeau, Laure-Rièse et Jeanne-Lajoie) mais c’est la première qui est la plus concernée avec 68 élèves. À Laure-Rièse, en comparaison, il ne s’agit que de deux ou trois élèves.

Pour Jean-Luc Bernard, directeur de l’éducation au CSDCSO, le Conseil n’a pas le choix: il faut faire de la place à Pierre-Elliott-Trudeau pour les nouveaux enfants de la zone qui feront leur rentrée en septembre et pour garder des classes qui ne dépassent pas 20 élèves.

Il ajoute: «Je comprends le mécontentement des parents hors-zone qui mettent leurs enfants dans cette école mais ils doivent aussi comprendre que leur demande de dérogation n’est qu’annuelle et que si elle leur est octroyée, il ne s’agit pas d’un droit mais d’un privilège.»

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Mais les parents ne l’entendent pas de cette oreille et, le 20 février, une réunion est tenue par le conseil d’école. Une soixantaine de parents inquiets ou mécontents répondent à l’appel. L’atmosphère est tendue, certains se sentent trahis par le Conseil scolaire.

Certains parents hors-zone disent ignorer que leur autorisation n’était valable que pour un an seulement et ne serait pas renouvelée automatiquement. D’autres ne comprennent pas qu’on les «chasse» alors qu’ils étaient les bienvenus jusqu’à présent. «Membres à part entière de la communauté Pierre-Elliott-Trudeau», ils craignent que leurs enfants ne soient psychologiquement affectés par un changement d’école…

Plusieurs parents annoncent qu’ils sont prêts à déménager pour se retrouver dans la zone. Le conseil d’école plaide pour une extension de l’école, nouvelle aile à bâtir ou, faute de mieux, installation de bâtiments préfabriqués.

Par ailleurs, pour Marc Coulavin, membre du conseil d’école, une exclusion des élèves hors-zone ne résoudra pas les problèmes de sureffectif de l’école qui sera amenée à se remplir de nouveau en deux ou trois ans maximum, avec les enfants de la zone.

Pour l’instant, Jean-Luc Bernard exclut la construction d’une extension: «Le Conseil ne recevra pas d’argent du ministère pour une telle extension tant qu’il y aura de la place dans d’autres écoles élémentaires de la ville.» Il est vrai que l’école Gabrielle-Roy a, quant à elle, de nombreuses places vacantes.

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Tout compte fait, suite à la réunion du Conseil scolaire qui s’est tenue ce samedi 23 février, on a décidé de reporter ce sujet brûlant à l’an prochain, comme l’explique le directeur de l’éduction: «La décision a été prise de maintenir les enfants hors-zone à Pierre-Elliott-Trudeau pour la rentrée 2008, mais les familles doivent être conscientes que leur situation sera scrutée à la loupe pour la rentrée suivante. À plus long terme, pour gérer la question des effectifs, il faut savoir que le plan d’immobilisation sera revu en 2009-2010 et que, d’ici là, le Conseil garde un oeil sur les problèmes d’effectifs dans certaines écoles.»

Mais il est peu probable que le volte-face du Conseil pour la rentrée 2008 efface le mécontentement de certains parents. En effet, au-delà de la crise des «hors-zone de Pierre-Elliott-Trudeau», c’est la confiance envers le Conseil qui semble s’effriter. Le Conseil est accusé de ne pas gérer efficacement les problèmes d’effectif que l’on constate non seulement à Pierre-Elliott-Trudeau mais aussi à Laure-Rièse, Jeanne-Lajoie ou encore au Collège français.

À Laure-Rièse, où il a été un moment question de déplacer une trentaine d’élèves vers la future école des Beaches, Anny-Sandra Hamel, présidente du conseil d’école, déplore que l’on ne demande pas leur avis aux parents.

Et la critique qui revient souvent envers le Conseil scolaire est celle de n’avoir qu’une vision à court terme. «On se demande dans quelle mesure le Conseil agit comme il faut et s’il est assez visionnaire pour faire ses demandes de financement [pour des extensions ou de nouvelles écoles] suffisamment à l’avance», s’interroge Isabelle Combre, membre du conseil d’école de Pierre-Elliott-Trudeau et du Collège français. «Le Conseil n’a pas l’air de planifier l’avenir des écoles de Toronto», ajoute Marc Coulavin avant de poursuivre: «C’est le même constat que pour le Collège français: un manque de planification».

Pour Jean-Luc Bernard, ces critiques ne sont pas fondées: «C’est la perception des parents, mais en réalité nous travaillons avec le ministère sur du long terme.»

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Ce message a néanmoins du mal à passer chez des parents torontois qui ne comprennent pas que l’on ouvre bientôt des écoles dans des régions non-désignées par la Loi provinciale sur les services en français (à Orangeville, Barrie, Richmond Hill) alors que certaines écoles de Toronto doivent faire face à de gros problèmes de surreffectifs.

Pour Benoît Mulsant, membre du conseil d’école de Pierre-Elliott-Trudeau, «ce qui intéresse le Conseil c’est étendre son réseau d´écoles; ouvrir une école, c’est comme planter un drapeau: de la colonisation.»

Pour lui, comme pour d’autres parents, une hypothèse est soulevée pour expliquer l’ouverture de ces écoles en région: une concurrence avec le Conseil catholique qui aboutirait à ne pas laisser certaines régions aux seuls catholiques.

Une hypothèse que Jean-Luc Bernard dément: «L’ouverture d’écoles dans les régions se base sur la demande des parents, sur les chiffres de Statistique Canada, et se fait aussi en fonction des disponibilités d’écoles mises en vente par les conseils scolaires anglophones.»

L’incompréhension semble donc à son comble entre parents et Conseil scolaire. Et si la crise semble pour l’instant résolue à Pierre-Elliott-Trudeau, la solution n’est que temporaire: «Si jamais les effectifs continuent à augmenter et si le ministère n’octroie pas de nouvelle école, explique Jean-Luc Bernard, il est possible que le zonage soit revu.»

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Mais ce redécoupage ne se ferait pas pour la rentrée 2008.

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