Élever la dignité humaine au rang de première valeur

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Publié 04/05/2010 par Gérard Lévesque

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la prise de conscience de la nécessité d’élever la dignité humaine au rang de première valeur universelle n’a pas empêché les colonisateurs de réprimer avec férocité les luttes pour l’indépendance et n’a pas mis fin aux politiques de ségrégation. Il a fallu une lutte sans merci et de nombreux sacrifices pour mettre fin à ces politiques contraires aux Droits de l’Homme sans que l’on soit d’ailleurs parvenu à éradiquer l’inégalité.

L’accession des anciennes colonies à l’indépendance et la fin officielle des politiques de ségrégation les plus inacceptables n’ont toutefois pas permis à de nombreux êtres humains de goûter aux Droits de l’Homme.

Les droits les plus élémentaires de plusieurs milliards d’êtres humains (le droit à la vie, le droit de se nourrir, le droit de se loger décemment, le droit de se vêtir, le droit de se soigner…) sont continuellement bafoués. Beaucoup vivent toujours sous l’oppression.

Dans le cadre de son cycle «Grandes conférences», organisé par la Délégation générale des Alliances françaises aux États-Unis, l’Alliance française de Toronto nous a offert le 15 avril dernier une magistrale conférence de Joël Andriantsimbazovina, professeur de droit public à l’Université de La Rochelle.

Faisant référence aux textes internationaux et régionaux, le conférencier a lui-même posé plusieurs questions visant à faire réfléchir ses auditeurs.

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L’article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 stipule que «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité».

Les États membres des Nations-Unies qui ont participé à la Conférence mondiale sur les Droits de l’Homme organisée par l’ONU à Vienne en juin 1993 ont tous souscrit à la déclaration finale suivante: «Tous les Droits de l’Homme sont universels, indissociables, interdépendants et étroitement liés.

S’il convient de ne pas perdre de vue l’importance des particularismes nationaux et régionaux et la diversité historique, culturelle et religieuse, il est du devoir des États, quel qu’en soit le système politique, économique et culturel, de promouvoir et de protéger tous les Droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales».

Bien qu’une grande majorité des États adhèrent au moins en apparence aux instruments internationaux relatifs aux Droits de l’Homme, il y a lieu de signaler le nombre élevé de réserves aux traités internationaux qui ont été déposées par les États.

Et la plus importante limite à l’universalité des droits de la personne se trouve dans les textes comme la Charte arabe des droits de l’homme de 1994 et les projets de Déclaration sur les droits de l’homme en Islam et la Déclaration islamique universelle des Droits de l’Homme qui font dépendre les droits de l’homme de la volonté divine et qui les limitent par les normes religieuses.

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D’ailleurs, dans l’arrêt Refah Partisi du 13 février 2003, la Cour européenne des droits de l’homme considère qu’en refusant le pluralisme et l’évolution des libertés, tout système basé sur la charia est incompatible avec le système démocratique.

La dignité d’une femme est-elle préservée quand le port de certains vêtements est sanctionné par une peine de plusieurs dizaines de coups de fouet? La dignité d’un être humain est-elle préservée quand les sanctions divines conduisent à des mutilations de ses membres? La dignité d’un être humain est-elle sauve quand son orientation sexuelle est sanctionnée par la mort?

Les différentes traditions philosophiques dans le monde se rencontrent autour de quelques principes et de quelques concepts fondamentaux permettant de préserver la dignité humaine.

La compassion, la justice, l’équité, le droit, la protection contre l’arbitraire et contre l’oppression, la solidarité en participant aux affaires de la communauté, la légitimité du pouvoir sont aussi autant de principes et de concepts que l’on retrouve dans les différentes traditions et cultures.

Le texte de l’allocution du professeur Andriantsimbazovina est disponible au site www.DocumentationCapitale.ca; il suffit d’inscrire dans la boîte de recherches du Centre virtuel de ressources la question: Les droits de l’homme sont-ils universels ?

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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