Élever des enfants: gratifiant, exigeant, inspirant !

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Publié 01/02/2011 par Paul-François Sylvestre

Véronique Fortin a fait le choix de rester à la maison afin de s’occuper de ses deux petites filles. Pour garder un lien avec le monde, briser l’isolement et exprimer les moments en dents de scie que ce quotidien lui imposait, elle a créé un blogue et les Éditions de la Bagnole ont rassemblé les textes préférés de l’auteure, plus quelques inédits, dans un recueil intitulé Journal irrévérencieux d’une mère normale.

Le franc-parler de Véronique Fortin a de quoi ébranler les durs à cuire de la parentalité.

Il s’agit du journal irrévérencieux d’une mère… qui aurait avantage à se taire, qui imagine le pire, qui sait mentir, qui préfère fermer les yeux et qui a parfois peur; c’est aussi le journal irrévérencieux… d’une mère au bout du rouleau, d’une mère compétente, d’une mère pour combien de temps encore…

Au fil des pages, on voit Véronique Fortin qui console, berce, nourrit, planifie, répète, bichonne, organise, intervient, nettoie, explique, sourit, rassure, menace, habille, doute, gronde, distrait, embrasse, efface, soigne, ment et soupire.

Tout ce qu’exige la description de tâche d’un parent à temps plein. Elle s’occupe de ses deux filles, Gabrielle et Lou, et en retire une grande joie.

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«C’est le travail le plus gratifiant, le plus exigeant, le plus inspirant que j’ai fait. J’ai ressenti un puissant orgueil à simplement soigner mes enfants. J’ai inventé chacune de leurs journées. J’ai mis de la couleur et de la musique partout.»

Je ne connais rien à la parentalité, mais je crois bien que les descriptions de situations quotidiennes feront largement écho au vécu de plusieurs mamans.

Voici une de ces situations: «Gabrielle est tombée et s’est mise à pleurer. Lou a eu peur que je la gronde et a pleuré aussi… Comment je pourrais m’en passer? C’est ma vie toute simple et compliquée à la fois… Jamais je ne changerais quoi que ce soit! Je m’ennuierais même des chicanes de dinosaures.»

L’auteure émaille son texte de savoureuses trouvailles fournies, sans l’ombre d’un doute, par ses fillettes. Dans une scène où la mère est malade, Lou, qui comprend toujours mieux qu’on pense, lui offre sa peluche, son gros matou préféré. «Parce que tu sais maman, mes toutous aiment pas ça quand t’es malade. C’est parce qu’ils t’aiment trop!» Il n’y a pas une déclaration d’amour qui peut battre ça!

Tout au long de ses nouvelles, l’auteure présente des photos de famille sous forme de brèves conversations. En voici une première:

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«– Gabrielle, veux-tu arrêter de casser tes crayons de cire?
– Pourquoi?
– Parce qu’il faut les payer, ces foutus crayons!
– Pis pourquoi ça te dérange?
– Parce que c’est du gaspillage.
– C’est pas grave, c’est l’argent de papa.
– Comment ça, c’est l’argent de papa?
– Ben maman, tu travailles même pas!»

À une occasion, la mère raconte qu’elle a tapé Gabrielle. C’était une tape méritée, pas grosse, mais une tape quand même. Traumatisée par cet incident, la mère passe la journée «à rattraper sa maladresse».

Elle offre à Gabrielle du lait au chocolat, puis des graines de tournesol. Elle accepte que sa fille dessine avec des feutres qui salissent tout.

Lorsque son Homme revient du travail, elle invite sa fille à venir «dire à papa comment maman s’est fâchée aujourd’hui». La petite ne se souvient de rien! Et l’auteure d’ajouter: «Ce soir nous mangeons des escalopes de veau pannées à la sauce aux regrets.»

Plusieurs mamans le savent, élever des enfants est un job à temps plein. «C’est fatigant en simonac! Dessiner, bricoler, se balancer, glisser… Ça passe encore! Mais tenir entre quatre murs… Corriger, soutenir, apprendre, punir, discipliner… C’est autre chose! Pis c’est pas juste une petite heure le matin entre les deux bols de céréales… C’est 168 heures par semaine! Connaissez-vous quelqu’un qui voudrait d’un job comme celui-là? Travailler bénévolement?»

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À l’instar de plusieurs mamans, Véronique Fortin est fière du choix qu’elle a fait. Elle aime sa petite famille et «la couleur de ses enfants».

Elle aime leur innocence et leur naïveté; elle est satisfaite de la vie qu’elle offre à ses filles. «Je pense qu’elles méritent tout ce à quoi je renonce.»

En terminant, voici une autre photo de famille sous forme de brève conversation:

«– Qu’est-ce que tu fais maman?
– Je nettoie la litière du chat.
– J’comprends pas.
– La litière, c’est comme un peu leur toilette.
– Tu enlèves les pipis pis les cacas?
– T’as tout compris.
– Tu enlèves aussi les pets?»

Véronique Fortin, Journal irrévérencieux d’une mère normale, nouvelles illustrées par Rémy Simard, Montréal, Éditions de la Bagnole, 2010, 184 pages, 19,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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