Égypte: les opposants dénoncent le référendum, les islamistes disent avoir gagné

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 11/12/2012 par Maggie Michael (The Associated Press)

à 17h18 HNE, le 16 décembre 2012.

LE CAIRE – Plusieurs groupes égyptiens de défense des droits de la personne ont demandé que le premier tour du référendum sur le projet de constitution soit repris, affirmant que le vote a été entaché de plusieurs violations. De leur côté, les islamistes qui défendent la charte proposée ont affirmé que la « oui » avait obtenu la majorité, bien qu’aucun résultat officiel n’ait encore été annoncé.

Des représentants de sept groupes ont dit qu’il n’y a pas eu assez de supervision du processus dans 10 des 27 provinces du pays. Ils ont ajouté que des observateurs indépendants n’avaient pas pu avoir accès aux bureaux de vote.

Selon ces groupes, plusieurs rapports font état d’individus qui se sont fait passer pour des juges, de femmes qui ont été empêchées de voter et de membres des Frères musulmans — le parti du président Mohammad Morsi — à qui il a été permis de rester à l’intérieur des bureaux de vote. Des chrétiens n’auraient pu avoir accès à des bureaux de vote. Un certain nombre de bureaux ont fermé leur porte plus tôt que prévu.

Mohamed El Baradei, un réformateur bien connu, s’est dit frustré de la façon dont s’est déroulé le référendum. Il a affirmé sur sa page Twitter que le vote s’est tenu sans une supervision judiciaire suffisante, une sécurité nettement déficiente, dans la violence et la violation des règles.

Publicité

Le référendum doit mettre un terme à deux ans de lutte pour définir l’identité de l’Égypte après l’expulsion du pouvoir de Hosni Moubarak. Le débat, parfois meurtrier, se déroulait autour d’une alternative: l’Égypte doit-elle devenir un état religieux sous le joug des Frères musulmans et de leurs alliés salafistes ou le pays doit-il garder ses traditions laïques tout en ayant un caractère musulman ?

Quelque 120 000 soldats ont été déployés pour aider les policiers à protéger les bureaux de vote et les immeubles gouvernementaux.

Des islamistes égyptiens armés d’épées avaient affronté des opposants au projet de Constitution vendredi à Alexandrie, signe des tensions qui couvent en Égypte.

Au moins 19 personnes ont été blessées dans les violences à Alexandrie. Les affrontements sont survenus après qu’un imam ultraconservateur eut demandé aux fidèles de voter «oui» au référendum et qualifié les opposants de «partisans des infidèles».

Des affrontements se sont aussi produits dans deux autres villes après des sermons enflammés associant la vote sur la Constitution à un vote sur l’islam.

Publicité

La crise oppose le président islamiste Mohamed Morsi, les Frères musulmans et leurs alliés salafistes, d’une part, et l’opposition libérale et laïque soutenue par une grande partie des musulmans modérés, d’autre part. Les deux camps ont intensifié leur campagne référendaire après des semaines de manifestations et de violences qui ont transformé le référendum en conflit ouvert sur l’identité post-révolutionnaire de l’Égypte.

La plupart des juges du pays ont annoncé qu’ils ne superviseraient pas le référendum en signe de protestation, et les opposants s’inquiètent de la légitimité du processus référendaire. Des groupes de défense des droits de la personne ont exprimé des craintes quand à la possibilité de fraudes, tandis que des opposants ont estimé que la décision de tenir le référendum en deux temps aurait pour effet d’influencer les électeurs de la deuxième phase.

Vendredi, des milliers d’islamistes se sont rassemblés sur une place du nord du Caire en brandissant des photos du président Mohamed Morsi, qui insiste pour que le référendum commence samedi comme prévu malgré l’apparente précipitation dans l’organisation du vote. À quelques kilomètres de là, l’opposition avait organisé un «sit-in» pour inciter les électeurs à voter «non» au référendum.

Les autorités religieuses ont émis des directives incitant les mosquées à ne pas tenter d’influencer le vote, mais plusieurs imams, en particulier dans le sud conservateur du pays, ont appelé leurs fidèles à voter en faveur du projet de Constitution.

«Voter oui revient à faire le jihad pour l’amour de Dieu!» a lancé le cheikh Abdel-Akher Hamad à ses fidèles à Assiout, dans le sud. La Constitution «préservera l’Égypte du diable et de ceux qui veulent saboter l’islam et les musulmans», a-t-il dit.

Publicité

Les partisans de Mohamed Morsi affirment que la Constitution mettra fin à l’instabilité politique que vit le pays depuis le renversement du régime d’Hosni Moubarak, en février 2011. Ses opposants estiment que le processus constitutionnel a été précipité, que les inquiétudes des minorités n’ont pas été prises en compte et que le texte constitutionnel comporte des clauses obscures qui pourraient permettre aux islamistes de restreindre les libertés civiles.

Plus de 51 millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales pour le référendum, qui aura lieu les 15 et 22 décembre.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur