Éducation sur l’holocauste, en français

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Publié 19/10/2010 par Vincent Muller

«Il y a un déficit de connaissances précises sur le sujet», expliquait Karel Fracapane, responsable des relations internationales au Mémorial de la Shoah à Paris. Cette institution, qui possède le plus grand centre d’archives sur la persécution des Juifs en Europe, fut le premier mémorial au monde construit pour donner une place aux victimes. Il a répondu à l’invitation du Holocaust Education Centre de Toronto soucieux de proposer des activités en français dans le cadre de la Semaine de l’éducation sur l’holocauste du 1 au 9 novembre.

Des représentants du Mémorial de la Shoah à Paris sont venus à Toronto l’an dernier pour participer à une conférence organisée par Citoyenneté et Immigration Canada à l’occasion de l’entrée du pays dans le groupe d’action international sur la recherche, la mémoire et sur l’éducation liées à l’holocauste, sous le patronage des États-Unis et de la France.

«C’est un tenant de nature politique, pour montrer au Monde que le Canada travaille sur le sujet», explique Karel Fracapane.

Cette année, le Mémorial de la Shoah participera à la semaine d’éducation sur l’holocauste à l’invitation du Holocaust Eduction Center qui souhaitait organiser une journée francophone dans le cadre de cet évènement.

«Ce sera une journée de formation pour les enseignants, et étudiants. On est invités, en partenariat avec la fondation Azrieli. Il y aura une table ronde le jeudi 4 novembre à l’Alliance française avec le consul de France et une journée de formation au Collège Glendon de l’Université York.»

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Comparaison France-Canada

Les thèmes aborderont les enjeux de la mémoire de la Shoah aujourd’hui, de manière comparée entre la France et le Canada.

«La différence fondamentale c’est que ça s’est déroulé en France et pas au Canada. La population était témoin et complice, l’administration a participé à la déportation donc il y a des perspectives différentes par rapport au Canada où la relation avec la Shoah est basée surtout sur l’immigration et sur les réfugiés», souligne le responsable des relations internationales du Mémorial.

«En France, c’est une question nationale enseignée de manière obligatoire dans les écoles. Il y a une façon centralisée d’aborder les choses. Au Canada, c’est fait de façon plus communautaire, par des institutions juives. Il y a cinq ou six petits centres.»

Le mémorial de la Shoah, institut privé, indépendant et laïque, joue un rôle important concernant l’éducation sur la question en France: il délivre des formations pour les enseignants en lycées, collèges et écoles primaires en suivant les directives du ministère de l’Éducation.

«En France et Grande-Bretagne, il y a des problèmes liés à l’antisémitisme dans certains établissements scolaires. Il y a de réelles difficultés, mais ça peut être combattu», explique Karel Fracapane pour qui le multiculturalisme canadien ne préserve pas le pays d’agissements similaires: «Les actes antisémites ont fait un bond très considérable au Canada ces dernières années, selon les rapports du Bnai Brith Canada».

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Formation au Canada

La formation à Toronto et Montréal sera en quelque sorte un concentré des cours reçus par les enseignants français et portera autant sur le contenu que sur la façon de l’enseigner.

«On a souvent l’impression que c’est bien connu parce qu’on en entend souvent parler. En réalité, c’est une histoire extrêmement complexe, il y a des ouvrages par milliers. Un prof d’histoire lambda qui enseigne 14 heures par semaine, n’est pas au courant des avancées de la recherche. C’est valable en France comme aux États-Unis et au Canada, il y a un déficit de connaissances précises sur le sujet», considère Karel Fracapane qui poursuit: «On essaye d’apporter une connaissance fraîche et avancée et la façon dont on l’enseigne.»

Plutôt qu’une simple éducation à la tolérance, le Mémorial opte pour la prévention des génocides et crimes de masse en étudiant les mécanismes qui y mènent. Le but est que les gens comprennent le contexte et sachent identifier des éléments de même nature. Si la majeure partie des travaux concerne les juifs et la Shoah, l’institution a également travaillé avec les institutions du Rwanda en ce qui concerne le génocide des Tutsis et avec les Arméniens.

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