Avec son troisième long-métrage intitulé Vers le sud, le réalisateur français Laurent Cantet signe une œuvre forte, sensible et réfléchie, qui aborde avec beaucoup de pudeur le tourisme sexuel, décliné au féminin.
Dans Vers le Sud, on parle plus volontiers de tourisme amoureux, dynamique mêlée de fascination, d’attraction et de méfiance entre deux groupes: de jeunes Haïtiens à la peau d’ébène et les Occidentales qui achètent leur affection. Le long-métrage, une production franco-canadienne, a été adapté de trois nouvelles de l’auteur haïtien Dany Laferrière.
Vers le Sud sonde avec justesse la profondeur et la complexité du désir féminin. Ce que la société interdit à une femme de 50 ans – le désir, l’amour, l’appétit sexuel – elle vient le chercher ailleurs, dans une relation décomplexée, sur une plage déserte où toutes les barrières liées à l’âge, à la profession et au statut social, sont abolies.
Au services de ces rôles de femmes, complexes et troublants, trois actrices: Charlotte Rampling, Louise Portal et Karen Young. Ces dernières livrent des performances subtiles qui viennent brosser tout en nuances le portrait de trois femmes, très différentes les unes des autres.
Le désir chez la femme de plus de 40 ans existe encore, fort et pénétrant, et les trois protagonistes du film en sont la parfaite incarnation. «Quand je serai vieille, je paierai des jeunes gens pour me faire l’amour.» Cette citation de Françoise Sagan vient atterrir dans la bouche d’Ellen, le personnage incarné par Charlotte Rampling.