On aurait pu penser qu’avec la disparition d’Hergé, le 3 mars 1983 à Bruxelles, les aventures du «petit reporter à la houppe» se terminaient avec Tintin et l’Alph-Art, publié sous forme inachevée en 1986. Il n’en est rien, les aventures de Tintin sont devenues ses mésaventures.
C’est Tintin au Congo qui depuis quelques années cause tout ce tintouin, avec la question suivante: Faut-il interdire cet album, pour cause de racisme et de xénophobie?
La première version de Tintin au Congo est parue entre 1930 et 1931 dans Le Petit Journal, en noir et blanc. Elle est conforme aux clichés de l’époque, foncièrement colonialiste, adoptant les stéréotypes des colons belges, mais constituant un «témoignage du regard colonial des Occidentaux des années 30».
Cette version au ton paternaliste a fait l’objet d’une révision en 1945. Hergé l’a mise en couleur, il en a nuancé l’idéologie, a remplacé la leçon de géographie qui faisait de la Belgique la mère patrie des Congolais par une leçon de mathématiques.
Dans une biographie originale d’Hergé, Benoît Peeters souligne que dans la nouvelle version colorisée de l’album, l’auteur a supprimé «les détails outrancièrement colonialistes». (Peeters, Hergé, fils de Tintin, Paris, Montréal, Flammarion, p. 539)