Du serpent

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Publié 21/11/2006 par Pierre Léon

Il rampe, il rampe,
le serpent,
le serpent de la rue Church,
il rampe, il rampe… !
(Air connu)

On ne l’a toujours pas retrouvé! Il risque de devenir aussi effrayant que celui du Loch Ness, qui continue à terroriser les Écossais. Il s’agit, en l’occurrence, du cobra qui a faussé compagnie à son propriétaire, il y a quelques semaines, rue Church à Toronto. Depuis, plus de nouvelles.

Or on sait que les serpents adorent se cacher dans les tuyaux, Il sont légions dans le sous-sol de la ville. Il est fort probable donc que notre serpent s’est faufilé dans une buse d’évacuation des eaux usées. Si vous allez à la toilette, on vous conseille de regarder si la tête d’un cobra ne dépasse pas de l’eau, avant qu’il ne soit trop tard. Une morsure de cet animal est souvent fatale.

Mais, même à supposer que celui-là ne soit pas venimeux, il fera peur à quiconque le verra arriver dans sa salle de bain. Il en est ainsi, depuis la nuit des temps. On se méfie du serpent alors qu’il rend bien des services, depuis les humbles mangeurs d’insectes jusqu’à ceux qui avalent les mulots et les souris des champs. Mais les paysans tuent aussi bien l’inoffensive couleuvre que sa cousine la vipère. À l’école, on a beau vous apprendre qu’il est pourtant facile de repérer la vipère au V que le créateur lui a mis exprès pour ça sur la tête, personne ne s’y fie vraiment.

Le serpent a toujours eu mauvaise presse. La Bible n’a rien arrangé. Dieu l’a associé à la pernicieuse séduction féminine. Pour la vérité historique, il faut rappeler que, au paradis, le serpent a été condamné à perdre ses pattes et à manger la poussière. Il rampe depuis mais, mauvaise tête, se nourrit d’autre chose.

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Depuis l’histoire d’Ève, le serpent, comme les femmes, se laisse parfois charmer. J’ai vu, à New Delhi, le spectacle étonnant de fakirs jouant de la flûte devant un cobra qui se dandinait au son de l’instrument. Tout à coup, le charmeur, d’un coup de sabre, tranchait la tête de l’animal. Mais le musicien la ramassait vite, la jetait dans un panier à couvercle, avec l’autre partie du serpent et se remettait à jouer de sa flûte. Miracle! Le cobra poussait de la tête le couvercle du panier et réapparaissait vivant, tout entier!

Les spectateurs étaient conviés à vérifier qu’il n’y avait plus rien dans le panier. Il n’est pas étonnant que tant de gens aient pu ressusciter au pays des fakirs.

Dans toutes les cultures anciennes, le serpent a un rôle fabuleux, tantôt bénéfique, tantôt maléfique. Les Chinois lui ont donné des pattes, des ailes, et lui font cracher le feu. Les Mayas et les Aztèques lui ont mis des plumes. Il joue un grand rôle dans la mythologie grecque et dans bien d’autres. Un paysan tourangeau attrapait des vipères pour les mettre dans des bocaux d’eau de vie, persuadé qu’en buvant de cette eau-là, on pouvait tout guérir. Surtout les maux d’estomacs!

Dans les cirques d’autrefois, il y avait toujours un python bien nourri qui digérait lentement son repas, enroulé autour du corps et du cou d’une jolie fille. Qui sait si le cobra de la rue Church ne se laissera pas charmer par une personne à qui il apparaîtra dans sa salle de bain?

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