Du grepotame au minotaure

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Publié 05/12/2006 par Pierre Léon

Comme vous vous en souvenez, sans doute, le GREPOTAME* est issu du croisement d’une GRENOUILLE et d’un HIPPOPOTAME. On peut aussi obtenir également une HIPPONOUILLE. De la même manière, en tournant les pages, coupées en deux horizontalement, d’un livre d’animaux ayant tous la même largeur, et dont le nom est écrit verticalement, on peut fabriquer une multitude d’êtres extraordinaires.

Ainsi avec un CAnard et un coCHON, on crée un CAchon et un coNARD. Je m’étais amusé à ce jeu, il y a longtemps. Mais je n’avais rien inventé. On se rappelle, par exemple, que le Minotaure, lui, était issu des amours de Pasiphaé et d’un taureau – Zeus, peut-être. C’était le même principe, avec application pratique.

En cherchant dans des notes plus sérieuses, je retrouve un article du Monde, de Jean-Yves Nau, intitulé «Le Minotaure en gestation dans un laboratoire du Massachusetts». Je n’ai plus la référence mais ce doit être de 1998. Dans son article, Jean Nau, rapportait la nouvelle que les chercheurs du Advanced Cell in Technology, avaient effectué, eux aussi avec succès, un croisement spectaculaire.

Ayant implanté le noyau d’une cellule humaine dans un ovule de vache, précédemment vidé de son noyau, ils ont obtenu des cellules hybrides, mi-bovines, mi-humaines. Selon le docteur Robl, auteur du projet, on pourrait cultiver ainsi en laboratoire une quantité illimitée de cellules, capables de permettre la guérison de certains cancers et de la maladie de Parkinson. Ne me demandez pas comment.

On vient d’apprendre, selon La Croix (9/10/06) que des chercheurs chinois, en 2003, et des britanniques, en 2006, ont obtenu des résultats analogues par des croisements homme/lapin. Le Canard Enchaîné (11/18/06), qui rapporte la nouvelle, rappelle que la loi (laquelle?) autorise la culture de ce genre seulement durant quatorze jours. Après quoi, l’embryon hybride doit être détruit. Au nom de l’éthique, on respire. Ce serait un peu atroce de peupler la terre de monstres. Il y en a déjà assez à l’état naturel.

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Les mauvais esprits diront peut-être que ce serait pourtant rigolo, ce bon tour joué au créateur! Les Égyptiens et les Assyriens, comme les Grecs et d’autres, avaient déjà rêvé de tout un zoo de sphinx et autres hybrides. Mais si, demain, on rencontrait, dans une rue de Toronto, un bel homme-lapin au bras d’une jolie fille-vache, ça perturberait bien du monde! On entend d’avance le début d’un dialogue, (C’est lui qui commence):
– Appelle-moi «Mon lapin», ne sois pas vache!

*Grepotame, deux cent cinquante drôles d’animaux croisés, Paris, Nathan, 1980.

*Crocogourou, deux cents drôles d’animots, Toronto, Canadian Scholars’Press et Welland, Éditions du Soleil, 1990.

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