Du baiser et des photos érotiques

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Publié 07/05/2008 par Pierre Léon

On vient de vendre dans une galerie d’arts la photo du modèle Carla Bruni, joliment dénudée, cachant juste un petit coin de sa personne. Il faut dire que les 91 000 dollars payés pour ce cliché par un amateur inconnu sont probablement plus justifiés par le scandale politique que par l’érotisme de la photo. Il y en a des milliers aussi émoustillantes, et un peu moins chères, dans le monde des magazines masculins. Mais la demoiselle photographiée est devenue l’épouse d’un président de la République française. On peut constater que c’est un homme de bon goût, ce qui n’est pas le cas des gens qui font circuler la photo. Vengeance politique?

Il aurait été plus délicat de vendre la prise de vue de Nicolas Sarkozy embrassant sa Carlita dans la rue. On l’a aperçue brièvement à la télévision et le geste était touchant. Il m’a rappelé un autre baiser célèbre, celui de la photo du grand artiste Robert Doisneau, intitulé Le baiser de l’Hôtel de Ville.

Doisneau, pour remercier le couple qu’il avait surpris en train de s’embrasser, a fait cadeau du cliché original à la jeune amoureuse. Cette dernière, ayant besoin d’argent, a confié récemment la photo à une salle des ventes parisienne. Mise à prix aux enchères à 15 000 euros, elle a été adjugée à 155 000! Ça fait rêver bien des jeunes filles, dont la jolie serveuse du restaurant français, Le Paradis, à Toronto, où se trouve une reproduction du cliché de Doisneau. Je déjeune toujours à la table près de ce Baiser de l’Hôtel de Ville.

Je me demande si Carla Bruni ne sera pas un peu jalouse si elle apprend la différence de prix entre sa photo et celle de la demoiselle de Doisneau. Il est vrai que dans ce cas l’auteur du cliché est souvent plus prisé que le modèle qui lui a servi!

Mais qui donc a inventé le baiser? Des chercheurs japonais de l’université de Tokyo viennent de découvrir que, sur ce plan, les souris et les humains avaient beaucoup de points communs. Elles (ils) se frottent le nez, puis le museau. La première étape a dû inspirer les anciens Eskimos. Les Inuits perfectionnèrent la suite. Les autres ethnies auraient commencé directement par le museau, que les Québécois appellent le bec, puisqu’íls disent donner «un bec» pour un baiser.

Ce qui me fait penser que les oiseaux, qui se bécotent, sont bien à plaindre de ce côté-là. Nos Japonais prétendent que le baiser de proximité donne une chance de humer le parfum de l’autre et de savourer ainsi les phéromones non volatiles qui vous donnent des idées érotiques.

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Autrefois, les gens biens pratiquaient le baise-main. Il fallait un commencement à tout! Il n’y a plus guère que les consuls de pays en voie de développement, des ambassadeurs à particule ou des nobles attardés pour faire la même chose. Les évêques vous font baiser leur bague, de même que le pape. Lui pratique également le baise-pieds, quand ils sont propres. Comme le faisait Jésus. On baise aussi le pied gauche de la statue de Saint Pierre au Vatican. La foi enlève tout risque de contagion.

Le terme baiser pour faire la chosette était déjà employé avec ce sens au seizième siècle et tout le monde riait du sens ambigu quand Molière fait dire: «Baiserai-je?». Quant à baiser pour tromper, il est plus récent, fait partie des fantasmes machos, mais n’a pas perdu pour autant son sens métaphorique dans le monde moderne.

La Bible est muette sur l’usage du baiser. Même le Cantique des Cantiques n’en souffle mot. Pourtant, rien n’entravait beaucoup cet exercice puisque seules les prostituées cachaient leur visage par un voile.

Les bonnes sœurs ont toujours eu des cornettes qui devaient théoriquement empêcher les moines de leur donner le moindre baiser. Les filles de la région de Bordeaux, du temps de l’occupation anglaise de la Gascogne, avaient un bonnet qu’on appelait un «Kiss-me-not», «Ne m’embrassez pas»! Où va se nicher la séduction?

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