Droits linguistiques et documents de voyages à Air Canada

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Publié 02/08/2011 par Gérard Lévesque

En omettant des renseignements en français sur les cartes d’embarquement et les reçus de bagages, Air Canada ne respecte pas ses obligations linguistiques envers le public voyageur lesquelles sont prévues à la partie IV de la Loi sur les langues officielles. C’est ce qui se dégage du rapport préliminaire d’enquête (juin 2011) que le Commissaire aux langues officielles vient d’envoyer à Air Canada et aux plaignants.

À la suite de la réception des commentaires des deux parties, le Commissaire va établir la version finale du rapport. À l’heure actuelle, le rapport préliminaire prévoit la recommandation suivante: «Que tous les documents de voyage émis par Air Canada, incluant la carte d’embarquement et les talons de bagages, soient imprimés dans les deux langues officielles, permettant ainsi au public voyageur de recevoir des services de qualité égale dans l’une ou l’autre langue officielle.»

En tant que transporteur aérien, Air Canada doit se conformer aux exigences réglementaires de l’aviation civile, comme le réclament l’Association internationale du transport aérien (IATA) et l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Air Canada est d’avis que la date ne peut être imprimée qu’en anglais sur les cartes d’embarquement.

Cela est toutefois contredit par l’IATA qui a informé le Commissaire qu’il est possible d’utiliser d’autres langues en plus de l’anglais. Puisque plusieurs compagnies aériennes impriment leurs propres billets d’embarquement, ceci leur donne une plus grande flexibilité d’afficher plus d’une langue sur la carte d’embarquement.

Comme l’IATA n’a aucun inconvénient à ce qu’une autre langue nationale (en l’occurrence le français dans ce cas) soit utilisée en plus de l’anglais sur les documents de voyage, le Commissaire s’interroge sur les raisons qui empêchent Air Canada de modifier la date sur ses cartes d’embarquement.

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Pour ce qui est des talons de bagages, Air Canada maintient une position ferme: elle ne modifiera pas ceux-ci, car les renseignements qui y apparaissent sont destinés aux employés d’Air Canada travaillant à la manutention des bagages et non aux voyageurs.

Le Commissaire n’est pas d’accord avec cette position, car les voyageurs ont le droit de connaître en tout temps, à partir du talon de bagage émis par Air Canada, l’endroit où leurs bagages seront acheminés, et ce dans la langue officielle de leur choix. Selon le Commissaire, le format actuel des talons de bagages qui contient la préposition unilingue anglaise « TO » qui indique aux passagers la destination de leurs bagages, peut être perçue comme une certaine inégalité de service.

Le Commissaire indique donc que la conformité aux règlements de l’aviation civile internationale ne doit pas se faire au détriment des lois nationales existantes, en l’occurrence la Loi sur les langues officielles: «nous sommes d’avis que les obligations en matière d’aviation et les obligations linguistiques applicables à Air Canada ne sont pas irréconciliables ou mutuellement exclusives, et nous demeurons convaincus qu’il est possible pour Air Canada de se conformer à l’ensemble de ses obligations».

Le rapport préliminaire d’enquête (juin 2011) du Commissaire aux langues officielles au sujet des cartes d’embarquement et des reçus de bagages est ici

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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