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Shadows of Liberty

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Publié 01/05/2012 par Guillaume Garcia

Alors même que la News Corporation vient de se faire attraper par la justice anglaise et que son propriétaire historique Rupert Murdoch doit s’expliquer sur les fameuses écoutes téléphoniques, Jean-Philippe Tremblay présentait la fin de semaine dernière, dans le cadre du festival Hot Docs, un documentaire sur l’interaction entre puissance financière et médias. Dans l’envers du décor des nouvelles, Shadows of Liberty nous dévoile un côté peu connu de l’univers journalistique.

Jean-Philippe Tremblay a commencé à effectuer des recherches sur les biais dans l’information en 2007, au moment des audiences publiques que tenait la Commission fédérale des communications (FCC) américaine, une instance gouvernementale indépendante, sur les règles de propriété des médias.

«J’ai suivi les commissions à travers les États-Unis. Le peuple américain était invité à parler de ses médias nationaux et locaux. Plus de trois millions de personnes ont été entendues. Elles avaient deux minutes pour parler. C’est vraiment là que le projet a commencé.»

Le sujet semble si vaste qu’on peut se demander comment le réalisateur a fait pour que le documentaire tienne debout. Souvent, les documentaires sur ce sujet flirtent avec la théorie du complot, mais pas celui-ci.

De nombreux acteurs du monde des médias y sont interviewés et donnent leur avis de manière très crue sur l’univers du journalisme.

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Que ce soit Dan Rather (ancien présentateur CBS), Julien Assange (Wikileaks), Roberta Baskin (ancienne journaliste CBS), tous pointent du doigt la manière dont les conglomérats nuisent au journalisme. Viacom a racheté CBS, Disney ABC et General Electric a pris le contrôle de NBC, avant que AOL achète Time Warner…

Le documentaire se déroule en chapitres où l’on suit une petite histoire marquante de l’intrusion des marques dans le journalisme.

Et la question posée par le film «notre monde publicitaire a-t-il causé la mort de l’information non biaisée?» prend tout son sens avec l’épisode Nike, que retrace le documentaire.

Alors que CBS devait diffuser un reportage sur le traitement réservé par Nike à ses employés du Viet Nam, la compagnie à la virgule a réussi à faire pression sur CBS pour ne pas montrer le reportage et a signé un contrat avec la chaîne pour que tous ses animateurs portent des vêtements commandités Nike lors des Jeux olympiques d’hiver de Nagano en 1998.

«Quand j’ai parlé aux journalistes, j’ai pu voir qu’il y avait de l’autocensure de leur part.»

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Jean-Philippe Tremblay, qui a réalisé son documentaire d’un budget de plus de 1 million $ grâce à Docfactory, entreprise basée à Londres, pointe aussi du doigt les compagnies Visa et Mastercard qui plus récemment ont empêché leurs clients de faire des dons à Wikileaks. «Ils se mettent contre l’information indépendante.»

Loin de tomber dans l’obscurantisme, Shadows of Liberty a préféré s’en tenir à quelques exemples bien documentés de «trous noirs» journalistiques et c’est tout à son honneur.

Le documentaire donne également la parole à plusieurs membres des associations de défense et de renouveau des règles du journalisme.

«Les États-Unis représentent la plus grande puissance démocratique et influencent le monde entier. La situation est grave là-bas et en les regardant on peut se poser des questions sur nous-mêmes. Je ne crois pas que ça aille beaucoup mieux au Québec qu’aux États-Unis.»

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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