Dieu(x), mode d’emploi

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Publié 20/03/2012 par Gabriel Racle

Sous ce titre bien étrange, Dieu(x) mode d’emploi, se cache pourtant une exposition très sérieuse au Musée canadien des civilisations à Gatineau, qui s’y tient jusqu’au 3 septembre de cette année.

Une exposition documentaire

Cette exposition originale est, malgré le sujet qu’elle explore, ce que l’on pourrait appeler une exposition documentaire.

Elle n’aborde pas les religions sous un angle philosophico-religieux ou théologico-dogmatique, elle ne propose aucune comparaison entre les religions représentées, elle ne comporte aucune rationalisation d’un domaine qui relève des croyances personnelles et ne tombe donc pas dans les méandres de l’objectivité rationnelle.

C’est donc une exposition muséographique, dont les origines sont européennes et qui fait, en quelque sorte, le tour du monde.

Conçue en Belgique par le Musée de l’Europe et la société Tempora SA (Bruxelles), en 2006, elle se retrouve à Madrid en 2007, à Paris en 2008 et à Québec en 2010-2011, adaptée par le Musée de la civilisation de cette ville et par celui de Gatineau.

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C’est dire que cette exposition a connu un franc succès. Et l’ouvrage d’Élie Barnavi, Dieu(x) mode d’emploi: L’expérience religieuse aujourd’hui, parue en 2006 chez Gallimard, donne le sens profond de cette exposition.

Thématique

La question fondamentale que l’on peut en effet se poser, que pose ce livre et qui sert de thème à cette exposition internationale, c’est: À quoi servent les religions?

Qu’apportent-elles aux humains, pour exister en si grand nombre et depuis si longtemps?

Ce qu’ils recherchent, en simplifiant forcément, c’est la proximité d’un dieu ou de dieux, sa ou leur protection, «la promesse du salut, la consolation contre la mort, la chaleur de la communauté, la protection contre le mal, le sentiment que leur existence n’est pas qu’une “histoire pleine de bruit et de fureur et ne signifiant rien”». (Barnavi)

L’exposition, tant par son organisation matérielle et les parcours quasiment initiatiques qu’elle propose, que par les objets, peintures, photographies, vidéos, inscriptions qu’elle présente, montre les différentes réponses apportées par des religions monothéistes, polythéistes, syncrétiques.

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Chacun a donc l’occasion de voir ce que d’autres religions que la sienne, si on en a une ou, si l’on n’en a pas, ce que celles-ci offrent en réponse à des questions, des besoins ou des sentiments.

Descriptif

L’ambiance de l’exposition est méditative et s’accompagne d’effets sonores, de présentations multimédias, d’éclairage et d’éléments interactifs.

On y trouve quelque 225 objets sacrés, raffinés et évocateurs, ainsi que des artefacts provenant entre autres du Canada, dont, par exemple, le célèbre visage de Jésus peint dans le style particulier des Tsimshians, un Premier Peuple de la côte ouest du Canada.

Car l’exposition, faut-il le souligner, a été adaptée au contexte canadien, comme elle l’avait été à son passage dans d’autres pays.

On peut aussi voir une saisissante sculpture indonésienne en bois polychrome, représentant le féroce dieu-aigle Garuda, qui joue un rôle tant dans l’hindouisme que dans le bouddhisme. Ou, parmi tant d’autres merveilles, une arche richement décorée contenant les rouleaux de la Torah et qu’un artiste montréalais sculpta en 1923 pour la synagogue d’une prospère communauté juive établie à Glace Bay, sur l’île du Cap-Breton. Et ne manque pas de figurer une maquette de la basique Sainte-Anne-de-Beaupré, célèbre lieu de pèlerinage.

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On évalue à quelques milliers le nombre de religions actuellement en existence, sans parler de celles qui ont disparu, laissant des souvenirs ou des empreintes toujours durables sur nos sociétés, comme le culte de Mithra qui a servi à fixer la date de Noël.

Ce nombre élevé de religions qui émaillent l’histoire de l’humanité montre à quel point celles-ci répondent à des besoins des humains, comme le souligne Élie Barnavi, mais aussi qu’aucune d’entre elles ne s’impose aux autres, malgré les prétentions de certaines.

Visite

C’est cette impression de tolérance qui se dégage donc d’une visite de cette exposition, qui montre sous plusieurs thèmes les réponses que les différentes religions illustrées tentent d’apporter par leurs convictions.

Et elles sont nombreuses à se présenter aux visiteurs: Bouddhisme, Jaïnisme, Islam, Hindouisme. Traditions autochtones, Christianisme, Sikhisme, Judaïsme, pour ne mentionner que quelques-unes d’entre elles.

Le visiteur entre dans un espace circulaire, qui lui ouvre différentes voies d’accès, entrecoupées de présentations de divers artefacts religieux. Des sièges confortables lui permettent de réfléchir à la direction à prendre. Qu’importe après tout, il n’y a pas d’ordre logique dans les propositions: les divinités, les passages, les cultes, les cycles du temps et leurs célébrations, les lieux, l’Au-delà, autant de cheminements réflexifs que l’on peut suivre à sa guise et parfois même exprimer ses opinions.

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«Conçue par des spécialistes (ethnologues, historiens, philosophes) et soutenue par une mise en scène exceptionnelle, l’exposition s’adresse à tous les publics.

Vous y découvrirez l’expérience religieuse, dans ce qu’elle a d’universel (ses interrogations) et de particulier (ses multiples pratiques). Tout ce que la muséographie moderne a inventé est réuni pour vous offrir un moment unique.»

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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