Depuis plus d’un demi-siècle la communauté internationale est présente en Haïti dans toutes les sphères de développement. Il est surprenant de constater que malgré l’injection de milliards de dollars d’aide dans l’économie haïtienne, on assiste à une dégradation accrue de la qualité de vie des Haïtiens qui rend le pays de plus en plus dépendant. Les indicateurs de développement sont tellement insignifiants que plus d’uns, politiciens, responsables gouvernementaux, experts nationaux et internationaux tentent à remettre en question, la pertinence de l’aide internationale au développement du pays.
Face à ce constat, il importe d’enquêter sur les causes de cet échec. Dans cette perspective, je me propose d’aborder les enjeux et les contraintes du développement local selon deux axes. Tout d’abord, je discuterai des préoccupations d’ordre interne qui incluent des problèmes de politique nationale, de gouvernance locale, de culture et d’environnement; ensuite, je mettrai l’accent sur les problèmes qui sont associés aux projets proprement dits et à la coordination de l’aide internationale. L’exploration objective de ces deux avenues me permettra de dégager des pistes de solutions en guise de recommandation.
Préoccupations d’ordre intern
Sur le plan de politique nationale, le concept de développement local n’est pas bien défini dans l’espace. Quelle unité administrative est-elle vraiment considérée comme locale? En Haïti, lorsqu’on parle de local, on se réfère aux habitations, quartiers, sections rurales, sections communales, communes, etc. Selon la constitution de 1987, la section communale est la plus petite entité administrative.
À ce titre, elle devrait être un reflet de politique nationale en matière de décentralisation de pouvoir et de déconcentration des services et d’équipements. Tel n’est pas le cas. Elle est souvent abandonnée au profit des villes et soufre d’un vrai problème de fiscalité.
Sur le plan de gouvernance, le pays soufre d’une carence de leadership local. Les élus ne connaissent pas bien leurs rôles et la législation n’est pas toujours éclairante à ce sujet. Ceux qui ont la volonté de développer leurs collectivités manquent de moyens et souvent de compétences. La faiblesse de l’État crée et favorise la prolifération d’intervenants de multiples provenances ayant accentué la fragmentation des activités dans la quasi-totalité des secteurs.