Deux ans après Katrina: la Nouvelle-Orléans toujours sous le choc

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 15/01/2008 par Paul-François Sylvestre

Plus de deux ans après le passage de l’ouragan Katrina, la Nouvelle-Orléans demeure encore sous le choc, sous les débris, sous la reconstruction. Dans un des pays les plus riches au monde, dans une des villes les plus festives, il existe encore des quartiers sans électricité, sans épicerie, sans banque.

J’ai choisi de passer Noël à la Nouvelle-Orléans. En sept jours j’ai fait cinq excursions, dont un Post-Katrina Tour qui m’a conduit dans des quartiers ressemblant à de véritables champs de bataille. Certains coins de la ville n’ont pas encore d’électricité ou d’eau courante. On voit des maisons marquées d’un X et de la date où un agent s’est présenté. La désolation règne toujours plus de 25 mois après le passage de Katrina.

Rappelons que Katrina frappe la Nouvelle-Orléans le 29 août 2005. Le mercure atteint 98oF (37oC), la ville est inondée à 80%, certains quartiers baignent sous 3 mètres d’eau. On estime les dommages à 75 milliards de dollars. Quelque 30 000 citadins se réfugient au Superdome, 1 200 personnes trouvent la mort, 60% d’entre eux ont plus de 60 ans.

Durant l’évacuation on assiste à beaucoup de vandalisme, de vols à l’étalage généralisés. Un vendeur de tapis a barricadé son magasin et a affiché le message suivant: «Don’t try. I am sleeping inside with a big dog, an ugly woman, two shot guns and a claw hammer.»

Un des quartiers sévèrement touchés est St. Bernard Parish. Il ne s’agit pas d’une paroisse. En Louisiane, «parish» signifie «county» ou «comté». Dans le comté de St. Bernard l’ouragan s’abat, entre autre, sur le cimetière. Comme les corps sont placés dans des tombes entreposées au niveau du sol, dans des structures peu résistantes, 1 500 cercueils s’ouvrent et des cadavres sont dispersés des centaines de mètres plus loin, voire un kilomètre plus loin.

Publicité

La vie n’a pas repris son cours normal. Certains quartiers n’ont pas encore de pharmacie, de banque ou d’école. Nombre de maisons sont barricadées, abandonnées, vandalisées. Des arbres déracinés jonchent des pelouses qui n’ont pas été tondues depuis deux ans. Mon guide n’hésite pas à dire que Katrina demeure «une catastrophe créée par l’homme». Tous les signes étaient connus, tous les avertissements avaient été donnés plusieurs années auparavant mais les autorités les ont ignorés.

Au cours de ce Post-Katrina Tour j’ai l’occasion de voir des maisons en reconstruction, à 2 ou 3 mètres d’élévation. Plusieurs maisons modulaires préfabriquées se dressent en quelques semaines seulement, avec électricité et eau courante. À la Nouvelle-Orléans, le richissime Donald Trump annonce qu’il construira le plus haut gratte-ciel de la ville, signe d’espoir pour une communauté en sursis. Brad Pitt et son épouse ont acheté une maison dans le Vieux Carré ou French Quarter, autre signe de meilleurs jours à l’horizon.

Avant Katrina, la population de la Nouvelle-Orléans se chiffrait à 428 000. Aujourd’hui, il n’y a que 295 000 habitants qui y élisent domicile. Et selon les plus récentes données statistiques, on ne prévoit pas que ce chiffre dépassera les 325 ou 350 000 âmes d’ici 2010.

Avant Katrina, la population de la Nouvelle-Orléans se chiffrait à 428 000. Aujourd’hui, il n’y a que 295 000 habitants qui y élisent domicile.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur