Detroit en faillite

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Publié 19/07/2013 par Corey Williams et Ed White (The Associated Pres)

à 00h40 HAE, le 19 juillet 2013.

DETROIT, Michigan – Jadis perçue comme le symbole de la puissance industrielle des États-Unis, Detroit est devenue la plus grande ville américaine à déclarer faillite, jeudi, ployant sous le poids d’un bilan financier désastreux, des quartiers déserts et une économie locale sur le déclin.

La faillite, qui était anticipée depuis plusieurs mois déjà, place la ville dans une position précaire qui pourrait se traduire par le licenciement d’employés municipaux, la vente d’actifs, la hausse des tarifs et une diminution encore plus accentuée de services publics de base déjà réduits, tels la cueillette des ordures et le déneigement des rues.

Kevyn Orr, un expert en faillite d’entreprises embauché par l’État du Michigan en mars dernier pour tenter de mettre de l’ordre dans les livres de la municipalité, a déposé jeudi à la cour les documents pour demander l’autorisation de déclarer faillite.

Michael Sweet, un avocat spécialisé en droit de la faillite du cabinet Fox-Rothschild de San Francisco, a précisé que la municipalité pourrait payer ses employés actuels, mais «(qu’)au-delà de cela, tous les paris sont ouverts».

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«Ils n’ont pas à payer ceux qu’ils ne veulent pas payer. Et personne ne peut les poursuivre», a-t-il mentionné.

Un quart de million des citoyens vivant à Detroit ont plié bagages entre 2000 et 2010. Et alors que la population frisait le 1,8 million d’habitants dans les années 50, elle peine aujourd’hui à se maintenir au-dessus des 700 000 résidants. Nombreuses sont les familles de la classe-moyenne et les entreprises à avoir quitté la ville au fil des ans, privant ainsi la municipalité de revenus en taxes municipales. La ville a dû se rabattre, ces derniers mois, sur les subventions de l’État pour assurer le versement du salaire de ses 10 000 employés.

Le déclin de l’industrie automobile à Detroit s’est amorcé vers la fin des années 1960, lorsque des fabricants automobiles ont commencé à ouvrir des usines dans d’autres villes. La valeur des propriétés et les recettes fiscales ont chuté et la police s’est retrouvée incapable de contrôler le crime. Puis, la montée des importations de voitures fabriquées au Japon s’est fait sentir et a contribué à la perte de vitesse du secteur de l’automobile américaine.

M. Orr n’a pu convaincre les créanciers, syndicats et la régie des rentes d’être remboursés à rabais sur leurs investissements, ce qui aurait permis à la ville de redresser ses finances. Si la requête en faillite est acceptée, les actifs de la ville pourraient être liquidés afin de répondre aux demandes de paiement.

Dans une lettre appuyant la décision d’aller de l’avant avec la faillite, le gouverneur du Michigan, Rick Snyder, a indiqué que cette option, dans le contexte actuel, était la seule possible pour Detroit.

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«Les citoyens de Detroit ont besoin et ont le droit de s’attendre à une feuille de route qui ne fasse pas mention d’une baisse des services aux citoyens. Et les créanciers de la ville, de même que tous ses fonctionnaires dédiés, ont le droit, eux, de savoir quelles sont les promesses que Detroit est en mesure de tenir et tiendra. La seule façon d’y parvenir est de mettre en oeuvre une restructuration radicale de la municipalité, et de lui permettre de se réinventer sans qu’elle n’ait à se soucier d’obligations impossibles à remplir», a écrit M. Snyder.

Plus tôt cette année, il avait déclaré que les finances de la ville justifiaient l’état d’urgence et souligné l’absence d’un plan de redressement. Detroit était devenue, avec l’embauche de M. Orr, la plus importante ville américaine à se retrouver sous tutelle de l’État.

Le déficit budgétaire de Detroit serait de plus de 380 millions $. M. Orr a déjà précisé que la dette à long terme s’élèverait à plus de 14 milliards $, et pourrait s’établir entre 17 et 20 milliards $.

Par ailleurs, à Washington, la Maison-Blanche a assuré son soutien à la municipalité, jeudi. La porte-parole Amy Brundage a souligné que le président Barack Obama et ses conseillers surveillaient de près la situation.

Les dirigeants du Michigan et les créanciers de Detroit sont pleinement conscients de leur rôle dans le redressement financier de la municipalité, a-t-elle ajouté. Washington continuera de collaborer avec la ville pendant son processus de redressement et estime toujours que Detroit est l’une plus grandes villes des États-Unis.

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