Destins de deux artistes du dessin

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Publié 15/04/2014 par Gabriel Racle

Les dessins sont les premières œuvres réalisées par deux artistes auxquels ils ont ouvert les voies de la célébrité, selon des destins bien différents dans le temps et dans l’espace: l’un est George Grosz et l’autre Keith Haring.

George Grosz

George Grosz est un dessinateur et peintre allemand né en 1893. Ce fils de restaurateur entre à l’Académie des arts de Dresde à 16 ans, en 1909. Dès 1910 il publie des dessins dans des journaux et revues et il entre à l’Académie des arts et métiers de Berlin en 1911.

Il passe deux ans comme militaire dans la Première Guerre mondiale, dont il sort réformé pour raison de santé.
Cette expérience provoque chez lui une très vive réaction antimilitariste et même antinationaliste. Il dégermanise son nom qui était Georg Ehrenfried Groß.

En 1919, il se joint au parti communiste allemand et s’engage dans le mouvement dadaïste, dont il sera un des plus importants représentants. Les artistes de ce mouvement intellectuel, artistique et littéraire de l’époque font preuve de non-conformisme, d’irrévérence, d’expression créatrice libre de toute contrainte.

Le monde est malade

«J’ai dessiné et peint à partir d’un sentiment de contradiction et j’ai essayé à travers mon travail de convaincre le monde qu’il était laid, malade et faux.»

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Cette déclaration se traduit dans ses œuvres, de «féroces caricatures, des tableaux acerbes pour critique sociale», en reprenant des expressions de l’éditeur Taschen, qui poursuit ainsi: «Grosz dépeint la folle vie dissolue menée dans les bars et les boîtes de nuit de la République de Weimar (régime politique allemand de 1918 à 1933) des années 1920. Il concentre son attention sur le côté louche de l’existence et peuple ses toiles de caricatures et de silhouettes déformées.»

Et précisément, dans le petit livre des éditions Taschen, Grosz, par Ivo Kranzfelder, on peut découvrir plus d’une centaine de dessins, caricatures, tableaux, dont la couverture reproduit Le Proxénète, un tableau de 1918.

Cet ouvrage comporte quelques articles qui présentent Grosz et permettent de saisir le sens de son œuvre, avec quelques titres parfois énigmatiques à la manière de Grosz: Roman de quatre sous et copies en plâtre, D’armes et de brins de paille vides, Outrages aux bonnes mœurs… Un petit livre distrayant et informatif pour faire connaissable avec Grosz.

Keith Haring

Grosz a bien émigré à New York pour fuir les nazis, mais il est retourné en Allemagne en 1959 pour y mourir, peu après la naissance de Keith Haring, né le 4 mai 1958 en Pennsylvanie et décédé du SIDA à New York en 1990, à 31 ans.

Malgré son jeune âge, il laissait déjà une œuvre très importante de dessins, de tableaux, de peintures murales, d’objets peints, d’affiches, des t-shirts.

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«À l’époque de sa disparition, quoique jeune encore, Haring était déjà un artiste fêté, reconnu par ses pairs, accepté par les critiques et aimé des enfants.»

Cette citation provient du petit livre que les éditions Taschen consacrent à Haring, un livre tellement illustré qu’il permet de découvrir l’art du dessin de l’artiste. Un régal divertissant pour les yeux, accompagné des commentaires d’Alexandra Kolossa.

De la craie à la peinture

En effet, après une formation artistique à une école d’art de Pittsburgh, une ville ennuyante, puis à New York, il trouve son mode d’expression qui est le dessin.

Il ne tarde pas à s’exprimer sur les espaces publicitaires à fond noir vides du métro. Il y trace ses messages avec de la craie blanche, rapidement, en improvisant, sans laisser de signature. On pense qu’il a réalisé ainsi quelque 5 000 œuvres éphémères, mais qui sont reconnaissables et font sa popularité… souterraine.

La spécialiste de l’art moderne Odile Burluraux donne un exemple intéressant de la façon de travailler de Haring: «Keith Haring est venu à Paris pour réaliser cette bâche qui faisait 28 mètres de long et 11 mètres de haut. C’était immense. Il s’était installé dans un garage. En quelques heures, il a peint un serpent allongé sur toute la longueur, coupé par des hommes-ciseaux.

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Il l’a exécuté sans dessin préparatoire, sans esquisse, sans rien. Un de ses talents incroyables était cette capacité de traiter n’importe quelle superficie en étant complètement maître du cadre.» (France 24, avril 2013)
Répétition de formes

«Ses peintures font partie du mouvement général de l’art contemporain… La griffe Haring, c’est la répétition infinie de formes synthétiques soulignées de noir avec des couleurs vives, éclairantes, sur différents supports. C’est un récit permanent où l’on retrouve des bébés à quatre pattes, des dauphins, des postes de télévision, des chiens qui jappent, des serpents, des anges, des danseurs, des silhouettes androgynes, des soucoupes volantes, des pyramides ou des réveils en marche.» (Internet)

Véritable virtuose de l’art, tour à tour dessinateur, peintre, sculpteur, dont la renommée n’est plus à faire, Keith Haring est un artiste que l’on découvrira avec plaisir.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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