Le théâtre gai Buddies in Bad Times de la rue Alexander, entre Yonge et Church, n’avais jusqu’à maintenant jamais présenté de pièces de l’un des dramaturges gais les plus en vue, Michel Tremblay.
«C’était presque le monopole du théâtre Tarragon, et bien sûr du Théâtre français de Toronto», indique le metteur en scène John Van Burek, l’ancien directeur artistique du TFT qui est depuis longtemps le traducteur officiel de Michel Tremblay en anglais, et dont la compagnie Pleiades présente Manon, Sandra and the Virgin Mary (Damnée Manon, Sacrée Sandra) au Buddies in Bad Times jusqu’au 2 février.
Il est vrai que Michel Tremblay n’écrit pas du «théâtre gai», corrige John Van Burek en entrevue à L’Express. «Son expérience colore ses pièces, bien sûr», mais il est principalement perçu comme celui qui a mis en scène la petite vie et les grands drames du milieu ouvrier de l’Est de Montréal des années 1960.
De plus, le Buddies in Bad Times Theatre lui-même chercherait à élargir ses horizons et attirer un public plus diversifié que celui du quartier gai.
Selon John Van Burek, pour qui Michel Tremblay est tout simplement «le plus grand dramaturge canadien mort ou vivant, le plus prolifique, le plus durable, le plus célèbre», les débats sur la langue de ses pièces – le joual – ont longtemps occulté sa poésie et l’énormité de ses personnages.
En anglais, les spectateurs – anglophones comme francophones, affranchis des controverses sur le niveau du français – ne sont confrontés qu’à cette poésie et cette puissance du récit, et découvrent donc un autre Tremblay (le «vrai»?).