Les ours blancs ont eu bien de la chance par rapport à leurs congénères noirs ou bruns. C’est qu’il n’a jamais été prudent de se frotter à des ours polaires, sans doute à cause de leur taille et de leur force phénoménale, ce qui ne veut pas dire qu’on ne les a pas chassés. Ils faisaient partie du gibier, dont la nourriture était précieuse aux anciens Eskimos. Tous les ours étaient révérés dans la mythologie des peuples nordiques.
Aujourd’hui, espèce en danger de disparition, les ours blancs ne peuvent être tués que par les Inuits, les Indiens, ou les riches Américains. L’habitat de ces animaux est en train de disparaître sous l’effet du réchauffement climatique.
La banquise se fracture, se morcèle et se disperse. On a pu lire, récemment dans la presse, l’histoire dramatique de ce jeune homme du Nunavut, emporté par la dérive d’un îlot de glace, avec l’ourse qu’il venait de tuer et ses deux oursons apeurés, qui ne voulaient pas quitter leur mère morte.
On a fait de ce jeune chasseur un héros, allant jusqu’à dire qu’il avait maîtrisé sa proie de son seul regard. Il est revenu en triomphe dans sa tribu, où on lui a interdit de raconter les péripéties de son aventure aux journalistes. On va en vendre le récit à un agent de presse.
Voilà comment le sens du droit d’auteur sera venu aux Inuits. Mais si dériver en attendant un hélicoptère est un acte qui mérite d’être raconté, tuer d’un coup de carabine un ours, est-ce bien un grand acte de bravoure?