Des mots en «-ing» bien à la mode

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Publié 04/02/2013 par Martin Francoeur

Avez-vous remarqué l’invasion sournoise, mais bien réelle de néologismes désignant des tendances actuelles? Beaucoup de mots qui se terminent en «-ing» et qui se rapportent à des activités de plus en plus populaires font leur apparition en français, sans toujours être corrects. Vous ne savez toujours pas à quoi je fais allusion? Pensez à homestaging, scrapbooking, cocooning, couponing…

Commençons par le plus connu. Le cocooning. Le terme était tellement répandu dans l’usage que les dictionnaires usuels lui ont fait une place.

Le Robert définit le cocooning de façon un peu simpliste. On dit qu’il s’agit de la situation d’une personne qui recherche le confort, la sécurité. On précise qu’il s’agit d’un anglicisme, sans donner de recommandation officielle.

L’Office québécois de la langue française a consacré une petite capsule à ce mot, dont l’origine remonterait au milieu des années 80. La mise en contexte est plus éloquente: «Par temps froid ou pluvieux, rien n’est plus agréable que de rester à la maison bien à l’abri dans le confort et la chaleur du foyer. Parfois le besoin de se faire chrysalide, de se retirer dans le cocon douillet du domicile, n’est pas saisonnier. Il devient une habitude, un comportement psychosocial que les sociologues américains ont appelé cocooning.»

Ce phénomène social a trouvé des échos dans les domaines de la décoration, les loisirs, la mode, l’ameublement, même l’architecture et la construction.

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Le mot cocooning est une forme dérivée de cocoon qui, ironiquement, est issu du terme français cocon. Il fait référence à l’enveloppe des chenilles. Les dictionnaires nous apprennent que «cocon» vient du provençal coucoun, qui signifie «coque». Étrange partie de ping-pong entre les langues!

Le mot cocooning et le concept qu’il définit sont à ce point populaires qu’on a vu apparaître des dérivés: le verbe cocooner, aussi reconnu par certains dictionnaires, les noms cocooneur, cocooneuse, cocooniste.

L’OQLF mentionne que «ces formes, mal adaptées au système du français, particulièrement sur les plans graphique et phonétique, sont à déconseiller.»

On suggère plutôt d’utiliser, au sens figuré, des dérivés inspirés de cocon: coconnage, coconnière, coconner, s’encoconner, coconneur, coconneuse. Bien sûr, ces mots ne se retrouvent pas tous dans les dictionnaires. Leur usage est encore limité. On préfère souvent s’en remettre à la forme anglaise.

L’OQLF pousse même l’audace jusqu’à proposer une série lexicale formée à partir du vocable d’origine provençale cocoun: coucounage, coucounière, coucouner, s’encoucouner, coucouneur, coucouneuse. D’ailleurs, le verbe coucouner semble être celui qu’on semble plus enclin à attester.

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Le scrapbooking aussi a reçu ses lettres de noblesse en passant dans les dictionnaires. Le scrapbooking, on le sait, est un loisir créatif qui consiste à personnaliser, notamment par collage, un album de photos, de souvenirs ou un journal intime.

Le Robert nous indique qu’il s’agit d’un «faux anglicisme» et ne propose pas d’appellation officielle française. Mais d’autres ouvrages – et l’Office de la langue française – suggèrent «collimage». D’ailleurs, l’OQLF avait lancé un concours pour trouver un mot français approprié. Mais le mot collimage ne semble pas vouloir passer dans l’usage, même auprès des collimagistes ou des scrapbookeurs et scrapbookeuses.

On peut aussi évoquer le phénomène récent du fooding. Il s’agit d’une passion pour l’art culinaire qui se décline de différentes façons. Le terme en tant que tel n’existe même pas en anglais. L’OQLF nous dit qu’il semble avoir été créé de toutes pièces à partir de foodie, qui, lui, est bien attesté en langue anglaise et date du début des années 80. «Les foodies, comme certains se plaisent à les nommer – alors que plusieurs appellations peuvent les désigner en français –, sont en fait des passionnés de cuisine ou de gastronomie» qui n’hésitent pas à visiter les marchés de produits frais ou les boutiques d’épices exotiques, à feuilleter des livres de recettes branchées, à personnaliser des recettes, à faire des accords mets-vins, etc.

Il faudra inévitablement que je glisse un mot, dans une prochaine chronique, sur le home staging, le couponing et le couchsurfing, trois autres phénomènes qui gagnent en popularité.

Et pour lesquels on semble avoir bien de la difficulté à trouver des mots français équivalents, qui passeraient bien dans l’usage…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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