Des milliards de sauterelles attaquent l’Afrique et l’Asie

Parties d'Arabie saoudite

Partie d'Arabie saoudite, une invasion de milliards de sauterelles atteint l’Afrique de l’Est et l’Asie du Sud: une (autre) catastrophe humanitaire en perspective.
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Publié 19/03/2020 par Agence Science-Presse

Pendant qu’on parle de coronavirus, une autre épidémie, partie d’Arabie saoudite, atteint à présent l’Afrique de l’Est et l’Asie du Sud: une épidémie composée de milliards de criquets pèlerins, appelés aussi sauterelles du désert, comme on n’en a pas vue depuis un quart de siècle.

Et sachant qu’un criquet pèlerin (Schistocerca gregaria) mange son propre poids chaque jour, ce sont les récoltes sur deux continents qui sont à présent visées — blé, orge, maïs, sorgho — et du coup la seule source d’alimentation de dizaines de millions de personnes.

Deux ouragans en 2018

L’invasion atteint à présent 15 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud, du Congo jusqu’au Pakistan, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture (FAO).

Cet essor aurait été favorisé par deux ouragans en 2018, qui ont déversé des pluies torrentielles sur la péninsule arabique. «Une fois que ces eaux de pluie se retirent, le sol garde assez d’humidité pour que les femelles puissent pondre leurs oeufs pendant environ six mois», explique au New York Magazine le «météorologue des sauterelles» à la FAO, Keith Cressman.

Une génération vit trois mois et, si l’environnement lui est favorable, peut voir sa population se multiplier par 20 avec la génération suivante.

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Essaim de la taille de métropoles

Au Kenya, un de ces «essaims» aurait occupé une région de 2 400 kilomètres carré (l’équivalent de trois fois la taille d’une métropole) représentant des milliards d’individus, selon la FAO. S’ils mangent chacun leur poids de 2 grammes chaque jour, cela représente des millions de tonnes.

Du coeur de la péninsule arabique, les sauterelles du désert ont migré vers le Yemen puis, à la fin de 2019, vers la corne de l’Afrique. L’Ouganda a été atteint à son tour au début de février, puis l’Est du Congo.

Un autre groupe s’était entretemps tourné vers le Nord, atteignant, de l’autre côté du Golfe Persique, l’Iran, puis le Pakistan.

Catastrophe humanitaire

La FAO évalue à 138 millions $ les besoins immédiats pour combattre l’invasion — mais en parallèle, réclament les chercheurs, davantage de technologie serait nécessaire aux pays africains pour être capable de suivre en temps réel l’évolution de la situation.

Il s’agit d’une catastrophe pour un agriculteur qui voit ce nuage débarquer dans leur champ, mais il s’agit aussi d’une catastrophe humanitaire en devenir, si les ravages sur les récoltes se poursuivent.

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La parade la plus efficace consiste à répandre des pesticides par voie aérienne — une offensive qui a ces critiques, considérant l’usage à très grande échelle qui s’avère nécessaire.

Des canards à la rescousse

Une autre arme possible: la Chine a annoncé le 27 février son intention d’envoyer 100 000 canards au Pakistan. Ceux-ci sont réputés être trois fois plus efficaces que les poulets pour dévorer des sauterelles.

La technologie pourrait aussi venir en aide: en théorie, de puissants modèles informatiques pourraient prédire, à partir des déplacements de ces bestioles, leurs prochaines zones de reproduction.

Mais quelle que soit la solution, il faudra agir… avant l’arrivée de la prochaine génération, en juin.

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