Des Métis acadiens à Toronto

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Publié 26/04/2016 par Harriet Vince

«On disait que les Mallet descendaient des ‘sauvages’ et mon père racontait que sa grand-mère portait la plume. Toutes ces histoires ont attisé ma curiosité», raconte l’historienne Lisette Mallet, invitée par la Société d’histoire de Toronto à sa causerie mensuelle à l’Alliance française.

Originaire de Shippagan au Nouveau-Brunswick, traductrice et illustratrice, Lisette Mallet habite la ville reine depuis 1980. «Au Nouveau-Brunswick, on parlait de l’histoire de la France, de la conquête britannique, mais peu de l’histoire locale», explique-t-elle.

Les Métis d’Acadie, ces enfants des colons européens et des Premières Nations, étaient regroupés en Gaspésie, Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Edouard et la Nouvelle-Écosse.

Suite au départ des Vikings de l’Amérique du Nord vers 1400, des pêcheurs basques, bretons et normands sont venus faire la pêche sur les Grands Bancs de Terre-Neuve, dans la région de Gaspé et la baie des Chaleurs.

Peu à peu, ces pêcheurs s’y établirent, prirent pour épouses des autochtones et leurs unions sont à l’origine de la fondation de plusieurs villages le long des côtes de la péninsule acadienne.

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Ainsi, un véritable lien s’est tissé entre les Français et les Mi’kmaq de l’endroit.

Le 2 février dernier, le gouvernement du Canada a d’ailleurs reconnu leur alliance au 18e siècle, et, le 14 avril, la Cour suprême du Canada a reconnu que les Métis et les Indiens non inscrits sont bel et bien des «Indiens» au sens de la loi. Ils seront donc désormais mieux placés pour négocier avec Ottawa afin d’obtenir du financement et des programmes.

«Les Acadiens vivaient à Port-Royal où ils étaient particulièrement reconnus pour être des défricheurs d’eau», c’est-à-dire des spécialistes de la culture des marais et des terres basses, développe Mme Mallet,

Dans le Sud de l’Acadie, il y avait des habitations françaises permanentes qui faisaient la traite de la fourrure, de la pêche ainsi que du commerce. Plus au Nord, les Autochtones étaient plus nombreux, les Bretons et les Basques étant les seuls Européens qui y vivaient.

«Lorsque les Britanniques ont vaincu les Français, il y a eu un exil de plusieurs milliers de personnes vers des destinations différentes, notamment la Louisiane», rapporte-t-elle. «Les Autochtones alliés aux Français n’ont pas eu la vie plus facile…»

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Selon elle, les Métis acadiens ne sont pas restés cantonnés dans leurs territoires de l’Est, on en retrouve même à Toronto!

Lisette Mallet n’est pas la seule de sa famille à s’intéresser à ces enjeux. Son cousin, Victorin Mallet, a écrit un livre intitulé Les Métis acadiens de la baie des Chaleurs.

«Ça fait tellement du bien de dire que c’est vrai et que ce ne sont pas des rumeurs», nous confie-t-elle avec beaucoup de fierté sur ses origines.

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