Au catéchisme de l’Église catholique – on n’en avait pas d’autre – on nous donnait des images saintes bien belles, toutes en couleur. On les mettait pieusement dans notre livre de messe. L’imagerie religieuse du temps était pleine d’anges coquins avec ailes papillotantes et auréoles dorées.
Ils tournaient en chemises de nuit roses, contre le bleu du ciel, autour de la Vierge Marie, en robe blanche et manteau d’azur, comme il se doit à quelqu’un qui a conçu sans pécher.
Il y avait aussi le Saint-Esprit, sous forme de colombe, descendant sur les apôtres qui, pour la circonstance, avaient sur la tête, des langues de feu venu du ciel. Apparemment, c’était un feu qui ne brûlait pas leurs cheveux et on apprenait que ces langues – ça tombait bien pour le français – étaient les langues étrangères que les apôtres n’avaient pas apprises à l’école.
Elles allaient leur permettre d’enseigner la parole divine dans n’importe quel pays du monde sans jamais avoir appris la grammaire avec ses participes passés et le reste ! C’était la science infuse, mieux encore qu’avec l’Assimil et les méthodes directes, audio verbales, par immersion, et tout et tout. On se sent bien bêtes maintenant et le Saint-Esprit doit en rigoler, ou roucouler, là-Haut sur son perchoir colombesque.
Les images saintes nous rappelaient aussi quelques grands moments de la Bible. Le plus spectaculaire était celui où Abraham, le couteau levé, est prêt à immoler son malheureux fils, pour faire plaisir à ce salopard de Jéhovah. Heureusement, ce dernier pris de remords, arrêtait le bras d’Abraham, juste à temps.