Des dizaines de milliers de manifestants à Moscou

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 24/12/2011 par Natalia Vassilieva et Jim Heintz (The Associated Press)

à 13h10 HNE, le 24 décembre 2011.

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés samedi dans le centre de Moscou pour une nouvelle mobilisation record contre le résultat des élections législatives du 4 décembre, marquées par des fraudes de grande ampleur.

La participation à l’appel des partis d’opposition, ONG ou associations était massive, et apparaît encore supérieure à celle du 10 décembre. De 25 000 à 150 000 personnes, selon les sources, avaient manifesté ce jour-là dans le centre de la capitale russe. Du jamais vu depuis l’arrivée au pouvoir, en 2000, de Vladimir Poutine, alors président.

Samedi, entre 29 000 manifestants, selon la police, et 200 000, selon un des dirigeants de l’opposition Boris Nemtsov, ont défilé dans le calme le long de l’avenue Sakharov dans le centre de Moscou. « Pour des élections honnêtes! », « La Russie sera libre », « Cette élection est une farce », « La Russie sans Poutine », « La Russie contre Poutine », « Au revoir Poutine! », proclamaient notamment banderoles et slogans samedi.

Les protestataires ont dénoncé les fraudes intervenues lors du scrutin du 4 décembre et réclamé de nouvelles élections. « Les gens sont ici parce qu’ils veulent du respect », expliquait Tamara Vorononina, une femme de 54 ans venue manifester avec ses trois fils.

Publicité

Une scène était installée au bout de l’avenue Sakharov, sur laquelle se sont succédé les orateurs, dont l’ancien champion du monde d’échecs Garry Kasparov. Alexeï Navalny, avocat anti-corruption et blogueur célèbre, a galvanisé la foule. « C’est nous, le pouvoir! », a-t-il lancé.

« Nous avons assez de monde ici pour prendre le Kremlin », a-t-il poursuivi. « Mais nous sommes des gens pacifiques et nous ne ferons pas ça — pas encore. Mais si ces escrocs et voleurs continuent à tricher avec nous, nous prendrons ce qui nous appartient », a-t-il ajouté. Alexeï Navalny a passé 15 jours en prison pour avoir organisé une manifestation interdite après les élections du 4 décembre.

« De nombreuses voix ont été volées, 1,5 million rien qu’à Moscou. Cette fraude si flagrante, il est impossible de la tolérer encore », a-t-il ajouté, en soulignant « qu’au moins 150 000 personnes » étaient présentes, malgré le froid.

Les élections du 4 décembre, soulignent l’opposition et les observateurs internationaux, ont été marquées par une fraude massive et les urnes ont été largement bourrées. Russie Unie, le parti de Vladimir Poutine, a remporté les élections, mais perdu 25 pour cent de sièges. Son score a été largement surévalué, selon l’opposition, et la population a exprimé son profond mécontentement, notamment lié à la corruption. Après quasiment 12 ans de pouvoir, Russie Unie est fréquemment qualifiée de « parti d’escrocs et de voleurs ».

Le Premier ministre Vladimir Poutine, qui a récemment annoncé son intention de revenir au Kremlin lors de l’élection présidentielle de mars 2012, a rejeté toute remise en cause du scrutin. « Les résultats de ces élections reflètent indubitablement le vrai équilibre du pouvoir dans le pays », a-t-il affirmé lors d’une émission télévisée la semaine dernière.

Publicité

Il a accusé les organisateurs de chercher à destabiliser le pays, à la solde de l’Occident. « C’est un schéma bien organisé de déstabilisation d’une société », a-t-il lancé. « Le but de l’opposition est de lutter pour le pouvoir, et elle saisit toutes les opportunités pour avancer », selon lui.

« On ne fait pas confiance » à Poutine, a répliqué samedi Boris Nemtsov. Il a appelé les manifestants à se rendre nombreux aux urnes en mars prochain pour battre Vladimir Poutine. « Un voleur ne doit pas siéger au Kremlin », a-t-il ajouté.

« Ces élections ne sont pas libres, c’est pourquoi nous réclamons leur annulation », a commenté Mikhaïl Kasianov, Premier ministre russe de 2000 à 2004 et aujourd’hui dans l’opposition. « Nous demandons une modification immédiate de la loi, pour que les autres dirigeants de l’opposition puissent participer, et pas ceux que Poutine a choisi pour une compétition artificielle », a-t-il fait valoir.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur