Si vous avez entendu parler ces derniers jours de cigales qui vivent à des centaines, voire des milliers de kilomètres de chez vous, ce n’est pas (seulement) parce qu’elles sont américaines. Un cycle de vie de 17 ans, ce n’est pas seulement inhabituel, c’est énigmatique: comment ces cigales font-elles pour compter jusqu’à 17?
Parce que la Magicicada, qui émerge ce printemps d’un sommeil de 17 ans, a en effet le plus long cycle de vie connu du monde des insectes.
Après être sortis du sol, ces insectes — par centaines de millions — grimpent après tout ce qui est à leur portée, se laissent pousser des ailes, puis les mâles chantent à tue-tête pour attirer les femelles… Après quoi les femelles pondent leurs œufs, et meurent. Les larves qui émergent de ces œufs redescendent dans le sol, et on n’en entend plus parler avant le cycle suivant.
Invasion
On peut comprendre qu’il ait fallu du temps aux scientifiques pour comprendre ce qui leur tombait dessus: en 1665, les Philosophical Transactions of the Royal Society — un grand-père des revues scientifiques actuelles — publiaient un rapport en provenance de la lointaine Nouvelle-Angleterre, d’où perçait une incompréhension face à cette soudaine «invasion d’étranges insectes».
Trois siècles et demi plus tard, on a fini par comprendre qu’il s’agit d’un cycle de vie, et non d’une dangereuse épidémie — l’insecte ne pique pas et ne s’attaque pas aux récoltes — mais on n’est guère plus avancé sur la façon dont ces cigales savent qu’elles doivent sortir en 2013 plutôt qu’en 2014.