Dernières tendances chez les escrocs

«Mamie je suis en prison»

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 02/02/2010 par Vincent Muller

«De plus en plus de fraudes sont faites via Internet», explique Chris Laws, enquêteur à la brigade des Fraudes de la police de Toronto. Alors que certains procédés utilisés par les escrocs semblent très facilement détectables, d’autres sont plus ingénieux, L’Express a cherché à savoir quels sont les types de fraudes les plus répandues et quel est le profil des victimes s’il y en a un.

Voici le début d’un courriel authentique, avec les fautes et les tournures de phrases maladroites décrivant une histoire tirée par les cheveux, que la plupart d’entre nous identifieront assez facilement comme étant une tentative d’escroquerie assez grossière:

«Je sais que cette lettre viendra à vous comme une surprise, pour le fait que nous ne nous sommes jamais rencontrés. Soyez rassuré que se soient de bonnes intentions. Je suis Mme. X, âgé de 37 ans je suis comptable d’une banque à Abidjan. Pendant nos recherches à la banque vers la fin de l’année dernière 2007, j’ai trouvé le montant énorme d’argent sur un compte à notre banque ici en Côte D’ivoire. Le compte est évalué à 11.500.000,00 euro qui a été déposé dans le compte bloqué depuis 2000…»

On apprend ensuite que le pauvre (ou plutôt riche) supposé titulaire du compte est décédé avec sa famille dans un accident d’avion et que le seul moyen de récupérer cette somme est qu’une tierce personne, en l’occurrence le destinataire du courriel, contacte la banque en se faisant passer pour son associé.

Vrai accident, vraie banque, fausses coordonnées

Après vérification, l’accident d’avion en question a réellement eu lieu et la banque existe également. Il est ensuite demandé d’envoyer des documents, joints par l’expéditeur du message, à une personne travaillant soi-disant pour la banque, mais dont les coordonnées, fournies bien entendu par l’expéditeur du message, ne correspondent pas à celle de la banque…

Publicité

Si l’on prend la peine de répondre en disant que l’on a vérifié et que la personne en question ne travaille pas à la banque, l’escroc de l’autre côté ne se démonte pas et insiste, rendant l’arnaque ridiculement grossière. L’objectif de ce type de courriel est assez simple: il faut se débrouiller pour que la proie délivre ses coordonnées bancaires et son identité ou bien qu’elle envoie une somme prétendument destinée à payer des frais administratifs via une compagnie de transfert d’argent.

Il est assez difficile de savoir combien de personnes tombent dans ce type de piège, d’autant plus que, d’après Chris Laws, «seulement 5 à 7% des fraudes sont sujettes à des plaintes».

Cependant, une chose est sûre, les plaintes reçues à la brigade des fraudes de Toronto concernent essentiellement des escroqueries à travers les sites d’annonces tels que Craigslist, Kijiji ou Ebay. «Beaucoup d’escrocs agissent de l’étranger, essentiellement des États-Unis, du Royaume-Uni de l’Espagne et du Nigéria», poursuit-il.

Pas de profil type des victimes

Les victimes semblent avoir un profil assez différent selon le type de fraude: «Ça va de 16 ans à 80 ans», précise l’enquêteur de la brigade des fraudes, «par exemple certaines personnes mettent une annonce pour louer un appartement qui existe réellement, disent qu’ils sont à l’étranger et demandent à la victime de payer le premier et le dernier mois par transfert d’argent».

Et il semblerait que certaines personnes soient prêtes à payer la somme sans même avoir visité l’appartement…

Publicité

Autre cas de figure un peu plus élaboré évoqué par Chris Laws, l’escroc prend la place du locataire supposé: «La personne dit être en dehors du pays et envoie un chèque pour les premier et dernier mois de loyer. Le chèque est au nom d’une entreprise existant réellement, avec une somme plus élevée que nécessaire, par exemple 2500 $.

Le futur locataire demande ensuite à la victime d’encaisser tout l’argent et de rembourser la différence en liquide à un proche qui se trouve au Canada. Et quand la banque contacte la personne pour l’informer que les fonds n’ont pas pu être transférés il est déjà trop tard».

Petit-fils en danger

Très tendance également chez les escrocs en ce moment: le «mamie je suis en prison». Technique assez simple pouvant rapporter, elle consiste à contacter des personnes âgées en se faisant passer pour leur petit fils, sans bien entendu dire de nom.
– «Mamie je suis en Floride, j’ai été arrêté»,
– «C’est toi mon petit Kevin?»
– «Oui, je suis en prison il faut payer une caution, je ne peux pas beaucoup parler»

Si certains voient leurs petits-enfants assez régulièrement pour être sûr qu’ils ne sont pas en prison en Floride, d’autres, plus seuls et plus crédules, tombent aisément dans le panneau et s’empressent de suivre les instructions en envoyant la somme demandée. «En général la victime et l’escroc ne se trouvent pas dans le même pays, les victimes de Toronto sont souvent abusées par des escrocs aux États-Unis et inversement», explique Chris Laws.

Complices au sein de l’agence de transfert de fonds

Il continue en ajoutant que, dans de tels cas, les escrocs disposent parfois de complices au sein de la société de transfert d’argent, étant donné que pour récupérer la somme envoyée la personne doit présenter une pièce d’identité.

Publicité

«Certaines agences de transfert de fonds du grand Toronto ont été fermées à cause de suspicions de complicité de certains employés dans des affaires d’escroqueries», nous apprend l’enquêteur qui ajoute que ces types de fraudes transfrontalières restent assez difficiles à combattre malgré la coopération entre les diverses unités de police.

La brigade des fraudes de Toronto aide à l’identification des escroqueries ciblant les personnes âgées, de la contrefaçon, des fraudes internes dans les entreprises et des fraudes par téléphone ou via Internet.

Il est également possible de contacter le centre d’appel antifraude de la Gendarmerie royale du Canada au 1-888-495-8501.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur